Parijs - 19e eeuw Pétrus Borel Robinson Crusoé & Robinson Crusoë - Daniel Defoe (1660?-1731)

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1836

Robinson Crusoé; enrichi de La vie de Daniel de Foé.

1719

The Life and strange surprising Adventures of Robinson Crusoe

De vangst

En faisant ces réflexions je marchais en avant tout à loisir. Ce côté de l’île me parut beaucoup plus agréable que le mien; les savanes étaient douces, verdoyantes, émaillées de fleurs et semées de bosquets charmants. Je vis une multitude de perroquets, et il me prit envie d’en attraper un s’il était possible, pour le garder, l’apprivoiser et lui apprendre à causer avec moi. Après m’être donné assez de peine, j’en surpris un jeune, je l’abattis d’un coup de bâton, et, l’ayant relevé, je l’emportai à la maison. Plusieurs années s’écoulèrent avant que je pusse le faire parler ; mais enfin je lui appris à m’appeler familièrement par mon nom. L’aventure qui en résulta, quoique ce ne soit qu’une bagatelle, pourra fort bien être, en son lieu, très-divertissante. (153)

 

 

Een kooi voor Poll

Je me reposai une semaine pour me restaurer et me régaler après mon long pèlerinage. La majeure partie de ce temps fut absorbée par une affaire importante, la fabrication d’une cage pour mon Poll, qui commençait alors à être quelqu’un de la maison et à se familiariser parfaitement avec moi. Je me ressouvins enfin de mon pauvre biquet que j’avais parqué dans mon petit enclos, et je résolus d’aller le chercher et de lui porter quelque nourriture. Je m’y rendis donc, et je le trouvai où je l’avais laissé: – au fait il ne pouvait sortir, – mais il était presque mourant de faim. J’allai couper quelques rameaux aux arbres et quelques branches aux arbrisseaux que je pus trouver, et je les lui jetai. Quand il les eut brouté, je le liai comme j’avais fait auparavant et je l’emmenai; mais il était si maté par l’inanition, que je n’aurais pas même eu besoin de le tenir en laisse: il me suivit comme un chien. Comme je continuai de le nourrir, il devint si aimant, si gentil, si doux, qu’il fut dès lors un de mes serviteurs, et que depuis il ne voulut jamais m’abandonner. (156)

 

Eerste lessen

C'est au logis, tandis qu'il pleuvait et que je ne pouvais mettre le pied dehors, que je m'occupai de la matière qui va suivre, observant toutefois que pendant que j'étais à l'ouvrage je m'amusais à causer avec mon perroquet, et à lui enseigner à parler. Je lui appris promptement à connaître son nom et à dire assez distinctement Poll, qui fut le premier mot que j'entendis prononcer dans l'île par une autre bouche que la mienne. Ce n'était point là mon travail, mais cela m'aidait beaucoup à le supporter. (166)

 

Poll een goede leerling

Je passai par-dessus la palissade, et je me couchai à l'ombre pour reposer mes membres. J'étais harassé je m'endormis bientôt. Mais jugez si vous le pouvez, vous qui lisez mon histoire, quelle dut être ma surprise quand je fus arraché à mon sommeil par une voix qui m'appela plusieurs fois par mon nom: « Robin, Robin, Robin Crusoé, pauvre Robin Crusoé! Où êtes- vous, Robin Crusoé? Où êtes- vous? Où êtes- vous allé? »

J'étais si profondément endormi fatigué d'avoir ramé, ou pagayé, comme cela s'appelle, toute la première partie de jour et marché durant toute l'autre, que je ne me réveillai pas entièrement. Je flottais entre le sommeil et le réveil, je croyais songer que quelqu'un me parlait. Comme la voix continuait de répéter: « Robin Crusoé Robin Crusoé », – je m'éveillai enfin tout-à-fait horriblement épouvanté et dans la plus grande consternation. Mais à peine eus-je ouvert les yeux que je vis mon Poll perché sur la cime de la haie, et reconnus aussitôt que c'était lui qui me parlait. Car c'était justement le langage lamentable que j'avais coutume de lui tenir et de lui apprendre et lui l'avait si bien retenu, qu'il venait se poser sur mon doigt approcher son bec de mon visage, et crier – « Pauvre Robin Crusoé, Où êtes- vous? Où êtes- vous allé? Comme êtes- vous venu ici? » – et autres choses semblables que je lui avais enseignées.

Cependant, bien que j'eusse reconnu que c'était le perroquet, et qu'au fait ce ne pouvait être personne autre, je fus assez long-temps à me remettre. J'étais étonné que cet animal fût venu là, et je cherchais quand et comment il y était venu, plutôt qu'ailleurs. Lorsque je fus bien assuré que ce n'était personne autre que mon fidèle Poll, je lui tendis la main, je l'appelai par son nom Poll et l'aimable oiseau vint à moi, se posa sur mon pouce, comme il avait habitude de faire, et continua me dire – « Pauvre Robin Crusoé comment ètes-vous venu là, ou ètes-vous allé? – » juste comme s'il eût été enchanté de me revoir et je l'emportai ainsi avec moi au logis. (195-96)

 

Het huishouden

Seul, ainsi qu’un Roi, je dînais entouré de mes courtisans! Poll, comme s’il eût été mon favori, avait seul la permission de me parler; mon chien, qui était alors devenu vieux et infirme, et qui n’avait point trouvé de compagne de son espèce pour multiplier sa race, était toujours assis à ma droite; mes deux chats étaient sur la table, l’un d’un côté et l’autre de l’autre, attendant le morceau que de temps en temps ma main leur donnait comme une marque de faveur spéciale. (202)

 

 

J’étais alors dans la vingt-troisième année de ma résidence dans cette île, et si accoutumé à ce séjour et à mon genre de vie, que si j’eusse eu l’assurance que les Sauvages ne viendraient point me troubler, j’aurais volontiers signé la capitulation de passer là le reste de mes jours jusqu’au dernier moment, jusqu’à ce que je fusse gisant, et que je mourusse comme le vieux bouc dans la caverne. Je m’étais ménagé quelques distractions et quelques amusements qui faisaient passer le temps plus vite et plus agréablement qu’autrefois. J’avais, comme je l’ai déjà dit, appris à parler à mon Poll; et il le faisait si familièrement, et il articulait si distinctement, si pleinement, que c’était pour moi un grand plaisir de l’entendre. Il vécut avec moi non moins de vingt-six ans: combien vécut-il ensuite? je l’ignore. On prétend au Brésil que ces animaux peuvent vivre cent ans. Peut-être quelques-uns de mes perroquets existent-ils encore et appellent-ils encore en ce moment le pauvre Robin Crusoé. Je ne souhaite pas qu’un Anglais ait le malheur d’aborder mon île et de les y entendre jaser; mais si cela advenait, assurément il croirait que c’est le diable. Mon chien me fut un très-agréable et très-fidèle compagnon pendant seize ans : il mourut de pure vieillesse. Quant à mes chats, ils multiplièrent, comme je l’ai dit, et à un tel point que je fus d’abord obligé d’en tuer plusieurs pour les empêcher de me dévorer moi et tout ce que j’avais. Mais enfin, après la mort des deux vieux que j’avais apportés du navire, les ayant pendant quelque temps continuellement chassés et laissés sans nourriture, ils s’enfuirent touts dans les bois et devinrent sauvages, excepté deux ou trois favoris que je gardai auprès de moi. Ils faisaient partie de ma famille ; mais j’eus toujours grand soin quand ils mettaient bas de noyer touts leurs petits. En outre je gardai toujours autour de moi deux ou trois chevreaux domestiques que j’avais accoutumés à manger dans ma main, et deux autres perroquets qui jasaient assez bien pour dire Robin Crusoé, pas aussi bien toutefois que le premier: à la vérité, pour eux je ne m’étais pas donné autant de peine. J’avais aussi quelques oiseaux de mer apprivoisés dont je ne sais pas les noms; je les avais attrapés sur le rivage et leur avais coupé les ailes. Les petits pieux que j’avais plantés en avant de la muraille de mon château étant devenus un bocage épais et touffu, ces oiseaux y nichaient et y pondaient parmi les arbrisseaux, ce qui était fort agréable pour moi. En résumé, comme je le disais tantôt, j’aurais été fort content de la vie que je menais si elle n’avait point été troublée par la crainte des Sauvages. (238)

 

De gesneuvelde papegaai

Tandis qu'il s'émerveillait et cherchait à voir comment cet animal avait été tué, je rechargeai mon fusil et au même instant j'apperçus, perché sur un arbre à portée de mousquet un grand oiseau semblable à un faucon. Afin que Vendredi comprît un peu ce que j'allais faire je le rappelai vers moi en lui montrant l'oiseau; c'était, au fait, un perroquet, bien que je l'eusse pris pour un faucon. Je lui désignai donc le perroquet, puis mon fusil, puis la terre au-dessous du perroquet, pour lui indiquer que je voulais l'abattre et lui donner à entendre que je voulais tirer sur cet oiseau et le tuer. En conséquence je fis feu; je lui ordonnai de regarder, et sur-le-champ il vit tomber le perroquet. Nonobstant tout ce que je lui avais dit, il demeura encore là comme un effaré. Je conjecturai qu'il était épouvanté ainsi parce qu'il ne m'avait rien vu mettre dans mon fusil et qu'il pensait que c'était une source merveilleuse de mort et de destruction propre à tuer hommes, bêtes, oiseaux, ou quoi que ce fût, de près ou de loin. (274)

 

Lorsque sa frayeur se fut un peu dissipée, je lui fis signe de courir chercher l'oiseau que j'avais frappé, ce qu'il fit; mais il fut assez long-temps absent, car le perroquet, n'étant pas tout-à-fait mort, s'était traîné à une grande distance de l'endroit où je l'avais abattu. Toutefois il le trouva, le ramassa et vint me l'apporter. Comme je m'étais apperçu de son ignorance à l'égard de mon fusil, je profitai de son éloignemeut pour le recharger sans qu'il pût me voir, afin d'être tout prêt s'il se présentait une autre occasion: mais plus rien ne s'offrit alors. (275)

 

Afscheid van het eiland

Quand je pris congé de l’île j’emportai à bord, comme reliques, le grand bonnet de peau de chèvre que je m’étais fabriqué, mon parasol et un de mes perroquets. Je n’oubliai pas de prendre l’argent dont autrefois je fis mention, lequel était resté si long-temps inutile qu’il s’était terni et noirci ; à peine aurait-il pu passer pour de l’argent avant d’avoir été quelque peu frotté et manié. Je n’oubliai pas non plus celui que j’avais trouvé dans les débris du vaisseau espagnol. (361)

 

Le principal Espagnol, qui m’avait assisté dans beaucoup de mes opérations, administrait toutes les affaires avec l’aide du père de Vendredi. Quant aux Anglais, ils ne faisaient que rôder çà et là dans l’île, tuer des perroquets, attraper des tortues; et quand le soir ils revenaient à la maison, les Espagnols pourvoyaient à leur souper. (II, 87)

 

Perroquet bouilli

Il fallait que les trois coupables fussent réduits à une bien rude extrémité, puisque, obligés d'attendre la réponse pendant une demi-heure, ils demandèrent qu'on voulût bien dans cet intervalle leur faire donner du pain; ce qui fut fait: on y ajouta même un gros morceau de chevreau et un perroquet bouilli, qu'ils mangèrent de bon appétit, car ils étaient mourants de faim. (II, 99)

 

Perroquet à la carte

 

De afgod met de papegaaienbektanden

Ce jour-là il y avait sans doute grand sacrifice, car on avait dressé sur un vieux tronc d’arbre une idole de bois aussi effroyable que le diable, du moins à peu près comme nous nous figurons qu’il doit être représenté : elle avait une tête qui assurément ne ressemblait à celle d’aucune créature que le monde ait vue; des oreilles aussi grosses que cornes d’un bouc et aussi longues; des yeux de la taille d’un écu; un nez bossu comme une corne de bélier, et une gueule carrée et béante comme celle d’un lion, avec des dents horribles, crochues comme le bec d’un perroquet. Elle était habillée de la plus sale manière qu’on puisse s’imaginer : son vêtement supérieur se composait de peaux de mouton, la laine tournée en dehors, et d’un grand bonnet tartare planté sur sa tête avec deux cornes passant au travers. Elle pouvait avoir huit pieds du haut ; mais elle n’avait ni pieds ni jambes, ni aucune espèce de proportions. (II, 371)

De eerste

I walked very leisurely forward. I found that side of the island where I now was much pleasanter than mine--the open or savannah fields sweet, adorned with flowers and grass, and full of very fine woods. I saw abundance of parrots, and fain I would have caught

one, if possible, to have kept it to be tame, and taught it to speak to me. I did, after some painstaking, catch a young parrot, for I knocked it down with a stick, and having recovered it, I brought it home; but it was some years before I could make him speak; however, at last I taught him to call me by name very familiarly. But the accident that followed, though it be a trifle, will be very diverting in its place.

 

De eerste woorden van Poll

Within-doors, that is when it rained and I could not go out, I found employment in the following occupations--always observing, that all the while I was at work I diverted myself with talking to my parrot, and teaching him to speak; and I quickly taught him to know his own name, and at last to speak it out pretty loud, "Poll," which was the first word I ever heard spoken in the island by any mouth but my own.

 

Poll als huisgenoot

I reposed myself here a week, to rest and regale myself after my long journey; during which most of the time was taken up in the weighty affair of making a cage for my Poll, who began now to be a mere domestic,

 

 

Praten in je slaap

I got over the fence, and laid me down in the shade to rest my limbs, for I was very weary, and fell asleep; but judge you, if you can, that read my story, what a surprise I must be in when I was awaked out of my sleep by a voice calling me by my name several times, "Robin, Robin, Robin Crusoe: poor Robin Crusoe! Where are you, Robin Crusoe? Where are you?

Where have you been?"

I was so dead asleep at first, being fatigued with rowing, or part of the day, and with walking the latter part, that I did not wake thoroughly; but dozing thought I dreamed that somebody spoke to me; but as the voice continued to repeat, "Robin Crusoe, Robin Crusoe," at last I began to wake more perfectly, and was at first dreadfully frightened, and started up in the utmost consternation; but no sooner were my eyes open, but I saw my Poll sitting on the top of the hedge; and immediately knew that it was he that spoke to me; for just in such bemoaning language I had used to talk to him and teach him; and he had learned it so perfectly that he would sit upon my finger, and lay his bill close to my face and cry, "Poor Robin Crusoe! Where are you? Where have you been? How came you here?" and such things as I had taught him. However, even though I knew it was the parrot, and that indeed it could be nobody else, it was a good while before I could compose myself.

First, I was amazed how the creature got thither; and then, how he should just keep about the place, and nowhere else; but as I was well satisfied it could be nobody but honest Poll, I got over it; and holding out my hand, and calling him by his name, "Poll," the sociable creature came to me, and sat upon my thumb, as he used to do, and continued talking to me, "Poor Robin Crusoe! and how did I come here? and where had I been?" just as if he had been overjoyed to see me again; and so I carried him home along with me.

 

Meer papegaaien, minder aanspraak

Besides these I always kept two or three household kids about me, whom I taught to feed out of my hand; and I had two more parrots, which talked pretty well, and would all call "Robin Crusoe," but none like my first; nor, indeed, did I take the pains with any of them that I had done with him.

 

Vrijdag, het geweer, en de papegaai

I soon found a way to convince him that I would do him no harm; and taking him up by the hand, laughed at him, and pointing to the kid which I had killed , beckoned to him to run and fetch it, which he did: and while he was wondering, and looking to see how the creature was killed, I loaded my gun again. By-and-by I saw a great fowl, like a hawk, sitting upon a tree within shot; so, to let Friday understand a little what I would do, I called him to me again, pointed at the fowl, which was indeed a parrot, though I thought it had been a hawk; I say, pointing to the parrot, and to my gun, and to the ground under the parrot, to let him see I would make it fall, I made him understand that I would shoot and kill that bird; accordingly, I fired, and bade him look, and immediately he saw the parrot fall. He stood like one frightened again, notwithstanding all I had said to him; and I found he was the more amazed, because he did not see me put anything into the gun, but thought that there must be some wonderful fund of death and destruction in that thing, able to kill man, beast, bird, or anything near or far off; and the astonishment this created in him was such as could not wear off for a long time; and I believe, if I would have let him, he would have worshipped me and my gun.

 

Illustratie van Elenore Plaisted Abbott, aangeboden als reproductie in lijst. De bijbehorende tekst is onjuist: niet de papegaai wordt opgegeten maar de afgeschoten 'kid', een geitje of bokje.

 

Mme Galli-Marié in de rol van Vrijdag, in de muzikale bewerking van Robinson Crusoé door Offenbach - 

Karikatuur door André Gill Foto door Nadar

 

De eerste Familie Robinson

It would have made a Stoic smile to have seen me and my little family sit down to dinner. There was my majesty the prince and lord of the whole island; I had the lives of all my subjects at my absolute command; I could hang, draw, give liberty, and take it away, and no rebels among all my subjects. Then, to see how like a king I dined, too, all alone, attended by my servants! Poll, as if he had been my favourite, was the only person permitted to talk to me. My dog, who was now grown old and crazy, and had found no species to multiply his kind upon, sat always at my right hand; and two cats, one on one side of the table and one on the other, expecting now and then a bit from my hand, as a mark of especial favour.

 

 

26 jaar Poll

I was now in the twenty-third year of my residence in this island, and was so naturalised to the place and the manner of living, that, could I but have enjoyed the certainty that no savages would come to the place to disturb me, I could have been content to have capitulated for spending the rest of my time there, even to the last moment, till I had laid me down and died, like the old goat in the cave. I had also arrived to some little diversions and amusements, which made the time pass a great deal more pleasantly with me than it did before--first, I had taught my Poll, as I noted before, to speak; and he did it so familiarly, and talked so articulately and plain, that it was very pleasant to me; and he lived with me no less than six-and-twenty years. How long he might have lived afterwards I know not, though I know they have a notion in the Brazil that they live a hundred years.

 

Ouderdom van papegaaien

 

Naar huis

When I took leave of this island, I carried on board, for relics, the great goat-skin cap I had made, my umbrella, and one of my parrots…