Inhoud Jean Baptiste Louis Gresset (1709-1777) L'ouvroir - reconstruit par Louis de Cayrol

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Deze pagina bevat de transcriptie van L’Ouvroir, een aanvulling die door Jean Batiste Louis Gresset geschreven werd op Ver-VertL’Ouvroir is nooit in druk verschenen als zelfstandige uitgave. Bij zijn leven heeft Gresset het wel voorgedragen. Een compleet manuscript is evenmin overgeleverd.

De tekst van L’Ouvroir is echter gereconstrueerd door L.-N.-J.-J. de Cayrol en opgenomen in deel 2 van zijn Essai Historique sur la vie et les oeuvres de Gresset, Amiens en Parijs 1844. Dit document bevat Cayrols reconstructie en zijn voetnoten daarbij. De redactie werd verzorgd door H. van Boxtel.

Cayrol heeft zijn reconstructie van in totaal 350 versregels gebaseerd op drie bronnen.

1: Fragmenten die door familieleden van Gresset na diens dood werden gevonden: 258 regels.

2: Een kopie van deze fragmenten met 56 extra regels, uit de nalatenschap van M. de Wailly.

3: De overlevering: regels die toehoorders uit voordrachten onthouden hebben, en die in 1811 voor het eerst verzameld werden in de editie van Gressets werk door uitgever Renouard.

Voor de huidige transcriptie werd gebruik gemaakt van het exemplaar van de Cayrols werk zoals het door de universiteitsbibliotheek van Ottawa online wordt aangeboden als PDF.

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L'OUVROIR  
Temple secret des petites sciences, 1
Il est un lieu tapissé de sentences,
Armorié
2 du chiffre des vertus, 3
Et décoré de tous leurs attributs, 4
Offrant aux yeux un amas symbolique
D'anges vainqueurs et de démons vaincus, 5
Accompagnés, grâce à l'or qu'on applique,
D'emblémes saints, de mystiques rébus. 6
Mieux que le luxe et les arts de la Chine, 7
Mieux qu'aux 8
palais et d'Armide et d'Alcine,
L’ordre embellit avec simplicité
9
Ce rendez-vous de la communauté;
C'est là qu'après notre office ordinaire,
10
Deux fois le jour en longs tabliers blancs, 11
Toutes nos Sœurs et même notre Mère, 12
L'air affairé, 13 sans avoir rien à faire.
Vont occuper 14 des postes différents 15
En marmottant les Ave du Rosaire.

1 La tradition (voyez édition de 1811, tome 1, Vie de Gresset, page XLVI) et le manuscrit de M. de Wailly s'accordent à donner ce vers comme devant être le premier de l'Ouvroir, et le n° 1 des fragments de MM. Gresset confirme cette assertion, puisqu'après les six vers qui terminent le chant précédent, se trouve cet hémistiche: Temple secret, avec un etc.
Cette dernière autorité m'a déterminé à ne pas déférer à l'observation très-judicieuse de l'un des membres de l'Académie d'Amiens (M. Marotte), qui pensait, avant de connaître le fragment autographe de Gresset, que malgré l'autorité de la tradition, la langue et la grammaire demandaient un changement dans l'ordre de la construction, et que ce premier vers devait suivre le second, conservé également parla tradition, et non pas le précéder, attendu que le mot lieu du second vers était le genre, et le mot temple du premier, seulement le mode; M. Marotte convenait cependant que temple, placé au commencement de la phrase, attirait plus spécialement l'attention sur les lieux décrits, et valait mieux par conséquent pour commencer le chant, que le Il est du vers suivant.

-2 Manuscrit de M. de Wailly.

3 Le fragment n° 1 est d'accord avec M. de Wailly au sujet de ce deuxième hémistiche, et je dois faire observer que la tradition rapporte le mot vertus à la fin du vers qui est ici le septième.

4 Fragment n° 1.

5 Le Manuscrit de M. de Wailly porte diables au lieu de démons, qui a été conservé par la tradition.

6 Ce vers, à l'exception du mot qui le termine, est un de ceux conservés par la tradition.

7 Le manuscrit de M. de Wailly porte, et tout l’art.

8 Le manuscrit met ici ou du.

9 Ce vers et le suivant appartiennent exclusivement au manuscrit de M. de Wailly.

10 Fragment n° 1 et manuscrit de M. de Wailly.

11 Fragment n° 1 M. de Wailly a mis en grands.

12 Version du même fragment. M. de Wailly, au lieu du dernier hémistiche, a mis sans mantes et sans gants.

13 Le fragment n° 1 s'arrête à cet hémistiche; c'est M. de Wailly qui donne l'autre.

14 Le même fragment porte toutes prenant, et M. de Wailly a mis viennent choisir.

15 On trouve dans la copie de M. de Wailly, leurs emplois; la version que j'adopte, est celle du fragment n° 1.

Là, de babil s'établit un concours;
Très-gravement, sur un sujet frivole,
L'une plus lente, allonge le discours,
Rapidement le mot de l'autre vole,
Et sans saisir une seule parole,
Sans la comprendre on lui répond toujours.
Ainsi parler, et parler sans rien dire,
Est un des us du monastique empire.

De cet Ouvroir cher à tout le couvent,

L’oiseau bavard était le seul oracle,

Et sa conduite y paraissait souvent

L'effet subit de quelque saint miracle,

Quand, revenant du tour ou du parloir,

Il rapportait les contes de la grille,

En becquetant, d'une façon gentille,

Guimpe ou bandeau, selon son bon vouloir;

Sans respecter la modeste étamine,

De mille appas trahissant les secrets,

On pouvait dire à ses yeux indiscrets,

A son caquet, à sa sournoise mine,

Lorsqu'au pillage il mettait sans façon

Tous les trésors d'une jeune novice,

Que le fripon, expert en sa malice,

Du dieu d'amour répétait la leçon: 16

Et cependant croyons à l'innocence

Qu'en ses ébats gardait l'adolescent;

Mais ce qui semble alarmer la décence.

Doit s'éviter, tant le pas est glissant.

Du confesseur rappelons-nous la crainte,

Elle était juste, il le faut avouer,

Oui, du couvent la sévère contrainte,

Impunément ne se peut secouer,

Et sur ce point, pour éviter la plainte,

Avec les sens il ne faut pas jouer.

Ainsi le feu que le caillou recèle

Pourra causer un grand embrasement,

Si par le choc une seule étincelle

Sur le salpètre éclate imprudemment.

D'un rien, aussi, certain feu peut s'accroître,

Quand le désir, comme un fruit défendu,

Vous dit encor que tout n'est pas perdu,

Qu'un jour du monde efface un an de cloître,

Regrets amers, dont l'austère devoir

Peut rarement suspendre le ravage.

Si le plaisir abandonne l'Ouvroir,

16 Voyez à cet égard ci-dessus, page 210, l'opinion de Bailly, qui m'a fourni cette idée.

17 Ce vers est un de ceux que la tradition nous a conservés, et que les éditeurs des œuvres de Gresset disent avoir fait partie du chant des Pensionnaires. N'ayant pas eu la possibilité de l'employer pour ce chant, je le place ici: qui peut savoir, du reste, positivement auquel des deux chants ce vers appartient? L'assertion des éditeurs suffit-elle pour décider cette
question? On peut la regarder comme une présomption, mais non pas comme un preuve.

 

Laissant l'ennui distiller son breuvage,
Et l'y verser du matin jusqu'au soir;
C'est là jadis qu'il n'osait s'introduire,
Grâce à Ver-Vert, dont le brillant savoir,
En riens charmants, savait se reproduire:
De ce bercail ou craignait de bouger,
Et le devoir y paraissait léger,
Quand sœur Maxence, aux allures discrètes,
Du bon Jésus arrangeant les manchettes, 18
Les essayait à l'oiseau babillard;
Quand imitant la voix du nasillard,
Sœur Euphrasie entonnait un cantique.
Et sur un ton comiquement mystique,
Parodiant le
Veni Creator, 19
Avec éclat dans la sainte boutique,
Aux sons flûtes donnait un libre essor.

Mais, aujourd'hui, Capucin et voyage

Ont de l'Ouvroir banni tous les concerts,

Joyeux ébats ne frappent plus les airs,

Le temps se passe à plaindre le veuvage,

Et bien souvent, imitant les Chartreux,

D'un mot, à peine, entendez-vous l'échange,

Quand pour classer les affiquets entr'eux,

A droite, à gauche, on transporte, on dérange

Tous les effets de ce local étrange,

Qui se divise en différents cantons,

Par un amas de coffrets, de cartons, 20

Meubles légers dont le savant mélange

Présente aux yeux la sphère des chiffons, 21

Pour les atours du diable et de l'archange.

C'est là qu'on peut, changeant toujours d'objets, 22

Voir pêle-mêle une aube, une fontange, 23

18 Cette idée appartient à Gresset. Voyez les notes qui suivent son Éloge en vers de dix syllabes (par M. de Wailly), imprimé à Bruxelles, et à Abbeville, chez Deverité, 1786, 19 pages.

19 Ces deux mots ne sont pas de Gresset, et m'appartiennent en qualité de chevilles.

20 Fragment n° 1 et manuscrit de M. de Wailly.

21 Ce vers appartient exclusivement au manuscrit de M. de Wailly.

22 Le manuscrit de M. de Wailly porte, sans doute par un lapsus calami: parmi cent autres objets.

23 Ce vers et les suivants, appartiennent au fragment n° 2, ainsi qu'au manuscrit de M. de Wailly.

 

Une calotte entre deux bracelets, 24

Une éventail parmi des chapelets;

Près d'un bandeau, des patrons de cornettes,

Près d'une guimpe, un dessin de manchettes,

Sur des rubans, des lacets et du bord, 25

Une poupée, une tête de mort, 26

Un scapulaire à côté d'une blonde, 27

La croix du cloître et les pompons du monde. 28

Vous le voyez, le bienheureux Ouvroir

Renferme tout, et parfois son bagage

Doit dépasser la grille du parloir;

Lors de nos sœurs écoutez le langage:

« Si l'on n'a plus le droit, le doux emploi 29

« De se parer, de travailler pour soi, 30

« On a sa nièce, on est mère pour elle. « 31

Oui, je le sais, il vous faut, sans retard,

Enjoliver la tendre jouvencelle;

Mais croyez bien que sous cette dentelle,

Sous ce mouchoir que la sœur Saint-Bernard 32

Soulève, échancre et plisse avec tant d'art,

Le traître amour marque déjà la place

24 Après ce vers, le fragment n° 2 porte comme variante:

Un scapulaire, un cordon de sonnettes,

Un pot-pourri, des flacons, des burettes,

Un domino, des voiles, des corsets...


Il est à présumer que Gresset a pris l'idée de cette nomenclature

dans une épître qui précède la comédie épisodique ayant pour litre le Plaisir, ouvrage posthume de M. l'abbé
Marchadier; voici le passage:

L'amour rit en voyant auprès d'une coiffure

La trompette du fier Milton;

Sur un patron de garniture,

Le flageolet d'Anacréon

Et le brodequin de Thalie;

De Melpomène le mouchoir

Avec le luth de Polymnie,

Auprès d'un éventail ou bien sur un miroir...


(Voyez Fréron, Lettres sur quelques Écrits du temps, 1753, tome
VIII, page 285.)

25 Le fragment n° 2, porte sur le même rebord. Cette idée, qui était sans doute complétée par l'un des vers qui manquent, ne me paraissant pas suffisamment claire, et le mot sur, répété deux fois, formant un son disagréable à l'oreille, j'ai cru devoir changer le dernier hémistiche.

26 Le fragment n° 2, s'arrête à une poupée; l'autre hémistiche appartient au manuscrit de M. de Wailly

27 Vers conservés par la tradition. (Voyez édition de 1811, page LXVIII)

28 M. Renouard donne également ce vers, après avoir dit, d'après je ne sais quel renseignement: Dans la salle de travail des
pensionnaires on voyait,
etc. Comme ce vers existe sur le manuscrit de M. de Wailly après ceux qui précèdent, il doit
appartenir au chant de l’Ouvroir.

29 Vers du fragment n° 2. Le manuscrit de M. de Wailly porte: le soin, le doux emploi. Gresset avait eu une autre idée,
puisque le même fragment offre ces deux hémistiches: le droit si regretté, — l’heureuse liberté.

30 La tradition avait conservé l'idée de ce vers, puisqu'on trouve dans l'édition de 1811: si l'on ne brode pas pour soi.

31 M. de Wailly est, au sujet de ce vers, d'accord avec la tradition.

32 Ce vers et les trois suivants appartiennent exclusivement à M. de Wailly.

D'où partiront ses traits les plus certains;
Il cherchera dans la fidèle glace
A réformer les traits trop enfantins.
Fatale erreur!
Ainsi plus d'une tante, 33
En employant une main trop savante
A relever de funestes appas,
Damna sa nièce et ne se sauva pas.
Satin brodé va parer notre belle,
Toute la ville en saura la nouvelle; 34
Quand on dira: Cet ouvrage est parfait.
La nièce alors à sa leçon fidèle,
Vous
répondra: Ma tante me l'a fait. 35

Ainsi l’Ouvroir, dans sa double industrie,
Des vains atours devenant la patrie,
A la coquette est du plus grand secours,
Et l’arsenal où s'arment les amours. 36

Mais écartons ces profanes peintures,

La moire et l'or se changent en ceintures;

De tous côtés mille et mille couleurs

De leurs reflets étalent les merveilles,

Et sous l'aiguille on voit naître les cœurs. 37

Emblème heureux! tribut des saintes veilles!

Au directeur vous serez présenté,

Pour le retour de ces teintes vermeilles,

Depuis deux jours manquant à sa sauté.

L'intéressant, à l'aspect de l'ouvrage, 38

Est d'observer cet air de bonne foi,

Cet air profond, dans ce saint entourage,

Que chacun met à son petit emploi;

33 Ce dernier hémistiche, ainsi que les trois vers qui suivent, nous ont encore été conservés par M. de Wailly.

34 Ce vers et le suivant sont arrivés jusqu'à nous par la tradition. (Voyez édition de 1811. LC)

35 La tradition, à laquelle nous devons ce vers, porte: on répondra.

36 Vers du fragment n° 1, d'accord avec le manuscrit de M. de Wailly.

37 Cette idée appartient à Gresset. Voyez les notes qui sont à la suite de son Éloge en vers, par M. de Wailly, et qui portent: Une autre sœur entrait dans l'enthousiasme en brodant quelques ouvrages pour le Père Directeur. Les cœurs naissaient à chaque
instant sous son aiguille, elle enfantait des miracles et des prodiges.

38 Ce vers et les quatre qui suivent faisaient bien certainement partie de l’Ouvroir. Je les ai trouvés à la suite d'une note autographe de Gresset, format in-4°, relative au Gazetin, et qui portait: Chaque temps a ses couleurs, ses goûts de passage, ses fantaisies de mode et ses ridicules.... ainsi il y aura quelquefois un petit mot de raison qui pourra faire passer cette folie (le Gazetin) aux gens sensés. Ainsi une babiole même aura son grain d'utilité; il faut ce point de vue dans tout, sans quoi on ne ferait rien de bien. Cette idée sera plus
développée dans quelques lignes que je me rappelle, et où il me sera permis de me citer, d'autant plus que l'écrit dont elles sont extraites n'a jamais été et ne sera jamais imprimé. J'avais peint dans tous ses détails un laboratoire de chiffons, un peuple où chaque personnage, tout entier au genre de petit travail qui lui était confié, mettait à le finir toute l'attention et l'importance possibles, l'image était terminée par ce mot de raison.
L'intéressant, etc. (Voy. tome I, page 252)

 

Vous croyez voir le grave 39 aréopage
Interprêtant les tables de la loi,
Pour prononcer sur un cas d'arbitrage
Mis en appel devant le peuple-roi.

Voyons encor, car il n'est pas de grille 40
Pour me cacher l’éclat dont ce lieu brille,
J'entre partout,41 je suis parmi nos sœurs:
Ce ne sont plus 42 ces travaux séducteurs,
Qui, du désert de Rose et d'Eulalie,
Iront parer ou Laïs ou Julie.
43
Non, admirons ces 44
ouvrages pieux
Que d'autres mains présentent à nos yeux;
45
Et pourrait-on46
laisser dans les ténèbres
Tant de travaux dignes d'être célèbres,
Qu'un zèle saint 47 inspire dans ce lieu,
Pour soulager les serviteurs de Dieu!
Là, j'aperçois des manchons pour nos Pères,
De jolis sacs pour les
48 jolis bréviaires;
Gants parfumés, portefeuilles charmants,
49
Bourses, 50 signets, ceintures, reliquaires, 51

39 On doit croire, d'après l'explication donnée par Gresset, que ces vers et portions de vers devaient être placés à la fin de l’Ouvroir; le plan de ma restauration s'est opposé à cette rigoureuse classification, et il en est par conséquent de ces vers comme de tous les autres qui, bien certainement, avaient dans les deux chants une autre place que celle dont j'ai fait
choix.

40 Ce vers et les vingt-six qui le suivent appartiennent au fragment n° 1, qui n'est pas toujours entièrement d'accord avec le manuscrit de M. de Wailly: j'aurai soin d'indiquer ces variantes; ainsi le fragment porte ici voyons plutôt, tandis que M. de Wailly met voyons pourtant; le mot encore m'a paru plus convenable pour lier ce couplet avec ce qui précède.

41 Le fragment et M. de Wailly portent le ciel parait: n'ayant pas compris cette apparition du ciel dans l’Ouvroir, j'ai dû la supprimer.

42 Les mêmes manuscrits portent tous deux loin s'il en est, qui m'a paru trop dur.

43 Cette version est celle du fragment n° 1; M. de Wailly met moins heureusement et Laïs et Julie.

44 Le fragment n° 1 et M. de Wailly mettent voyons plus tôt; comme le mot voyons se trouve déjà au commencement du couplet, j'ai dû le supprimer ici.

45 On dirait presque que le fragment n° 1 porte mes yeux; la version de M. de Wailly me paraît plus correcte.

46 Le fragment n° 1 s'accorde avec M. de Wailly, pour mettre ici a-t'on bien pu, qui m'a paru trop dur.

47 Il m'a semblé que le manuscrit de M. de Wailly, dont l'écriture est très-difficile à lire, porte ici, le zèle saint inspiré; tandis que le fragment n° 1 donne positivement et que le zèle, qu'il m'a fallu modifier à cause de l'et qui se trouve plus haut.

48 M. de Wailly a mis de.

49 Ce vers du fragment n° 1, et que donne également le manuscrit de M. de Wailly, se trouve changé, ainsi que celui qui précède dans le fragment n° 3, qui porte comme variante:

Gants parfumés,reliquaires galants,
Les gants ambrés...

50 J'ai cru lire sur le manuscrit de M. de Wailly, brosses. Son écriture défectueuse m'a sans doute fait prendre ce mot pour celui de bourses, porté bien distinctement sur fragment n° 1.

51 M. de Wailly, cette fois, a bien écrit scapulaires.

Rosaires fins, gentilles jarretières; 52
Le tout charge de pompons, de rubans,
Et liseré de petits
53 agréments
Dont s'enjolive
54 un uniforme austère,
Et dans lesquels on voit encore se plaire
Le cœur mondain
55 des jolis Révérends.

Ici, d'un air fait aux petits mystères, 56
Loin du passage et du souffle des Mères,
La jeune sœur de sainte Léonore,
57
Pour embellir les sacrés caractères
Et tout l'esprit des lettres de nos Pères,
Crible et tamise un tas de poudre d’or.

Là, ce duvet 58 d'une ouate choisie,
Grâce aux bons soins de sœur Anastasie,
Enfle, à mes yeux, le mollet oreiller
Où Monseigneur devra s'agenouiller;
Travail charmant, le cœur seul y préside,
De peur qu'un pli ne blesse Smindiride, 59
Quand du repos, fidèle observateur,
Toujours bercé par un destin flatteur,
Le saint prélat à prier se dispose,
Afin d'avoir
un sommeil enchanteur, 60
Accompagné de ses songes de rose.

De sa besogne, éprise avec ardeur,
Plus loin je vois la révérende Mère, 61
D'un air profond, avec poids et grandeur,

52 Ce vers appartient exclusivement aux fragments 1 et 3.

53 Le fragment n° 1 porte en variante et chamarrés de tous les...; tandis qu'il y a sur le n° 3, Tous les pompons, les petits agréments.

54 M. de Wailly a mis, dont s'embellit; mais les fragments 1 et 3 s'accordent pour la leçon que j'adopte.

55 La vanité, d'après M. de Wailly, tandis que ma leçon est celle des deux fragments précités.

56 Une note de M. de Wailly, mise en marge de son manuscrit, porte que Gresset avait soin de passer ces vers, au nombre de six, quand il récitait son poème. Le fragment n° 1, qui les donne, ne porte aucune observation à leur égard.

57 Ce nom propre est écrit de cette façon, très-lisiblement sur le fragment n° 1; il m'a paru que le manuscrit de M. de Wailly porte Èléonor: cette différence est bien légère, j'ai cru cependant devoir la noter.

58 Le fragment n° 1 ne donne que ce premier hémistiche, et porte, là, du duvet: ce du du ne m'a pas paru devoir être conservé; le second provient de M. de Wailly.

59 Ce vers est souligné dans le manuscrit de M. de Wailly, ce qui indique qu'il n'appartient pas à Gresset, qui ne l'a porté sur aucun de ses fragments. Le nom propre qui termine ce vers a été fort mal écrit par M. de Wailly; on distingue seulement qu'il commence par un S et que la dernière syllabe est ide: je me suis donc arrêté à Smindiride, sybarite célèbre
par ses amours avec Agariste, et par son luxe. C'est lui, d'après Sénèque (De ira, Lib. ii cap. 25), qui se plaignait un jour d'avoir été incommodé par les plis des feuilles de roses sur lesquelles il était couché.

60 Ce dernier hémistiche m'a été fourni par le fragment n° 1. Le manuscrit de M. de Wailly n'en fait pas mention.

61 Version du fragment n° 1. M. de Wailly met une savante mère.

Tirer des plis 62 d'une Perse légère,
Un pet-en-l’air pour un prédicateur,
Qui de son âme est le seul directeur.

De ce côté sœur Sainte-Pétronille, 63
En lacs d'amour, sans doute du divin,64
Brode un bonnet de taffetas jonquille,
Pour rafraîchir le front d'un capucin.
65

Ici s'achève 66 un tapis de Turquie,

Pour les grands jours où l'abbesse 67 officie,

Et dans un 68 coin la mère Saint-Bruno,

Tout bonnement ourle son lavabo: 69

Près d'elle sont ces sœurs ingénieuses, 70

Sachant former en étoffes soyeuses

Des Chérubins de toutes les couleurs 71

Et des Vertus de toutes les grandeurs.

L'une découpe un Agnus 72 en losange,

Ou met du rouge à quelque bienheureux;

L'autre bichonne une vierge aux yeux bleus,

Ou passe au fer le toupet d’un archange:

D'autres y font en festons, en clinquant,

Des pastouraux, 73 des bergers pour la crèche;

62 Le fragment n° 1 s'arrête à cet hémistiche; le reste du vers, ainsi que le suivant, provient du manuscrit de M. de Wailly.

63 Le fragment n° 3 porte la mère Pétronille, tandis que M. de Wailly, qui ne donne que le premier hémistiche, met à la place du second, la sœur Sainte-Cécile, pour éviter la répétition du mot mère, déjà employé cinq fois plus haut; je me suis conformé en partie à la leçon de M. de Wailly.

64 Le second hémistiche de ce vers appartient exclusivement au manuscrit de M. de Wailly: le fragment n° 3 porte vert pomme et gris de lin, tandis que le fragment n° 4 donne cette autre version: du plus beau gris de lin. D'après cette variante j'ai cru devoir adopter celle de M. de Wailly, comme la plus plaisante, quoiqu'un habile critique ait trouvé dans ce vers un
vice de construction.

65 Le fragment n° 5 est d'accord avec le manuscrit de M. de Wailly, au sujet de ce vers et de celui qui le précède.

66 Cette leçon du fragment n° 1 est accompagnée de la variante se brode, qui ne peut convenir, puisque ce mot a déjà été mis plus haut.

67 Le fragment n° 1 et M. de Wailiy portent la mère; mais j'ai voulu éviter l'emploi de ce mot, qui s'est retrouvé souvent sous la plumé de Gresset, et qui revient au vers suivant.

68 Le fragment n° 1 porte ce; la leçon de M. de Wailly m'a paru préférable.

69 Ce vers appartient au manuscrit de M. de Wailly. La tradition l'avait conservé d'une manière différente, ainsi que le précédent; elle portait:

Tandis qu'ailleurs la mère Saint-Bruno,
Tout bonnement ourlait un lavabo.
(Voyez l'édition de 1811. loco cit.)

70 Fragment n° 1, d'accord avec M. de Wailly.

71 Même observation pour ce vers et le suivant.

72 Le fragment n° 1 s’arrête ici pour ce vers; le reste appartient au manuscrit de M. de Wailly ainsi qu'à la tradition qui nous a également conservé les trois vers suivants.

73 Le fragment n° 1 donne seulement ce premier hémistiche; le second m'a été fourni par le manuscrit de M. de Wailly, qui porte également, comme le fragment, le vers qui précède.

Pour le désert l'apôtre Jean qui prêche,
Et pour le monde un contraste piquant, 74
Des passions vieilles, hideuses, sèches, 75
Quittant l'enfer, entr'elles se choquant,
Quand, vers le ciel, vont toujours l'attaquant,
Le diable à pied, les vertus en calèches. 76

D'un pinceau fier, 77 avec grand appareil,

De ce côté la mère Madeleine

Trace la bouche et le nez du soleil,

Et pour sauver sa nudité mondaine, 78

Veut habiller Adam à la romaine,

Et la belle Eve 79 en sœur 80 Miramion,

Fermant sa guimpe avec un camion.

Associée à ce sublime ouvrage, 81

Dans son travail, toujours profonde et sage, 82

Se distinguant du commun des auteurs,

Au même rang la jeune sœur Hélène, 83

A sa façon, dispose une autre scène,

Et savamment nous offre pour acteurs

Des soupers juifs la bonne compagnie, 84

Que présidait un père Franciscain,

Accompagné de la reine Alhalie,

Fort belle encor, et, qui plus est, jolie, 85

74 Ce vers appartient exclusivement aux notes de M. de Wailly, qui se trouvent à la suite de son Éloge de Gresset, déjà cité; mais ces notes portent les passions, que la construction de la période m'a obligé de changer.

75 Le manuscrit de M. de Wailly donne ce vers, qu'il avait déjà fait paraître dans ses notes; il se retrouve aussi de même que le vers: Des passions vieilles, hideuses, sèches, à la page 11 de l'opuscule de La Place, ayant pour titre: Le Supplice des Cloches,
40 pages.

76 Voetnoot ontbreekt bij Cayrol / La note manque [HPM]

77 M. Renouard nous a le premier fait connaître, dans son édition de 1811, ces deux vers:

D'un pinceau fier, la sœur Saint-Raphaël

Trace la bouche et le nez du soleil.

et il ajoue: ‘La rime n'est pas des plus exactes; Gresset avait probablement mis un autre nom qui aura été oublié.’ J'avais donc toute latitude pour rectifier ce passage.

78 Vers du manuscrit de M. de Wailly, comme le suivant, M. Renouard les a également fait connaître; mais il a mis: et pour cacher la...

79 Vers du fragment n° l. M. de Wailly a mis et la mère Eve.

80 Le fragment n° 1 s'arrête ici; c'est dans le manuscrit de M. de Wailly que j'ai trouvé le nom de l'ordre monastique qui termine le vers.

81 Vers appartenant exclusivement au fragment n° 1.

82 Les trois derniers mots du deuxième hémistiche de ce vers proviennent d'une copie des fragments précités qui accompagnait le manuscrit de Gresset.

83 Ce vers et le premier hémistiche du vers suivant m'ont été fournis par le fragment n° 1.

84 Vers provenant du manuscrit de M. de Wailly.

85 Id. qui a mis: mais belle encore.

Lorgnant de près un jeune publicain 86
Avec un air agaçant et mondain.

Loin de la foule et des vains caquetages,

Là, j'aperçois l'aigle de ces ouvrages, 87

Dans l'attitude, avec l'air égaré,

Et tout le feu d'un esprit inspiré.

Voile écarté, la mère Mélanie,

Dans ce recoin se livre à son génie;

L'âme au-dessus de tout commerce humain,

Elle attend là 88 les ordres de Minerve,

Pour appliquer à différents sujets

Le saint Phébus de sa petite verve, 89

Qui sait tourner en fort jolis couplets

Les verselets pour le révérend Père, 90

Des compliments, le bouquet de la Mère, 91

Ces longs factums que les biens de nos sœurs, 92

Vont griffionner à la dépositaire,

Et mieux que tout, des lettres aux Grandeurs. 93

Mais près des lieux où je fais ma revue, 94

 

86 Le manuscrit de M. de Wailly porte encore exclusivement ces deux vers, dont j'ai cru pouvoir intervertir l'ordre et changer la rime:

Avec un air agaçant et mutin,
Dont on lorgnait un jeune publicain

87 Tout ce couplet, depuis là, j'aperçois jusqu'à elle attend là, appartient au fragment n° 1, et est absolument le même sur le manuscrit de M. de Wailly. Ce dernier seulement porte un recoin, au lieu de ce recoin. — Gresset, ce me semble, aura dû dans la suite corriger ce premier jet. Ne serait-il pas moins défectueux, si l'on mettait:

Là, j’aperçois l'aigle de ces ouvrages,

De son maintien l'air noble est admiré,

Et par-delà le séjour des orages

Portant le feu d'un esprit inspiré,

Le voile au vent, la mère Mélanie,

l’écart se livre à son génie,

L'ame au-dessus, etc.

88 Comme je viens de le dire, le fragment n° 1 et M. de Wailly s'arrêtent ici.

89 Ce vers appartient exclusivement au manuscrit de M. de Wailly.

90 Le fragment n° 1, qui m'a fourni une partie de ce vers, porte:

Les verselets que le Père prieur.

91 Les fragments 1 et 3 s'accordent avec M. de Wailly, au sujet de ce vers.

92 Ce vers appartient exclusivement au fragment n° 3; mais j'ai dû en changer quelques mots qui ne pouvaient pas s'accorder avec la construction de la période. Ce fragment porte en effettextuellement:

Tous les factums pour les biens de nos soeurs.

93 Vers du fragment n° 3, mais il porte les lettres, tandis que le fragment n° 1 donne cette leçon: Et mieux que tout, des vers pour Monseigneur,
M. de Wailly a mis dans son manuscrit, Et mieux que tout, des vers pour notre Père.

94 Vers du fragment n° 1, que donne aussi M. de Wailly, tandis que le fragment n° 7 porte: Prés de la salle, etc.

Quel autre Ouvroir se présente 95 à ma vue?
Entrons: pour qui ces vases parfumés, 96
Ces alambics, ces fourneaux allumés?
Pour quels gosiers bénis de la nature
Distille-l-on
97 l’ambre délicieux
De ces liqueurs que tant d'adresse
98 épure?
Ma sœur Hébé,
99 parlez, quels sont les dieux
Pour qui se fait ce nectar précieux?
Vous votis taisez, ô bienfaisantes Mères!
Dites-le-
moi, vous, mes révérends Pères; 100
Rendez donc gloire à la manne des cieux, 101
A tous ces dons que ce lieu voit éclore, 102
Biscuits, bonbons, sirops, et mieux encore,
Pour étayer les petites santés
Et les menions de vos paternités.
103
Parlez? Mais, non, cachez bien ces merveilles,
Ne troublons pas l'ouvrage des abeilles. 104
Quel art divin, 105 quel somptueux amas
De fruits confits, d'oranges, de cédrats!
106
La main de Flore a paré ces corbeilles; 107
Pomone y joint ses présents les plus beaux. 108
Ici deux sœurs placent sur des cristaux, 109

95 Le fragment n° 7 ainsi que M. de Wailly donnent ce vers tel que je le porte ici, mais le même fragment offre de plus les variantes qui suivent:

Un autre Ouvroir se découvre à ma vue
Un autre Ouvroir s'offre-t-il à ma vue?

96 Ce vers et les deux suivants ne diffèrent en rien sur le fragment n° 7 et le manuscrit de M. de Wailly.

97 Le fragment n° 7 porte en variante: Va distiller et Distille ici. Je préfère la rédaction de M. de Wailly.

98 Le fragment n° 7 porte comme variante: que la finesse.

99 Il y a sur le manuscrit de M. de Wailly, ma jeune Hébé; la leçon des fragments me semble préférable.

100 M. de Wailly a mis dites-le donc, ainsi que le fragment n° 7, qui porte aussi en variante: Vous, nos chers petits Pères.

101 Ce vers m'a été fourni par le fragment n° 7 qui porte en outre comme variante: à la bonté de cieux.

102 Ce vers et les trois qui le suivent, tronqués par la déchirure du papier, sur le fragment n° 7, se trouvent complétés par la copie qui accompagnait ces fragments, et dont j'ai parlé plus haut.

103 Le fragment n° 1 porte: Et la fraîcheur de leurs paternités.

104 M. de Wailly s'accorde pour ce vers avec le fragment n° 1.

105 Id. id. avec le fragment n° 7; mais ce dernier porte en outre pour variante, dieu des bonbons.

106 Le fragment n° 7 porte textuellement: De fruits confits, de citrons, de cédrats, tandis que M. de Wailly a mis: De bonbons fins, d'oranges, de cédrais.

107 Ce vers appartient au fragment n° 2, tandis que celui n° 7 porte: Du sein des fleurs qui parent ces corbeilles. Au lieu de sein, j'ai trouvé du suc sur le manuscrit de M. de Wailly.

108 Note du fragment n° 1, à la place duquel le fragment n° 7 et M. de Wailly mettent, par suite du vers cité dans la note
107: Cent fruits divers s'élèvent en châteaux, et le fragment n° 7 donne en outre cette variante: Où des bonbons s'élèvent en châteaux.

109 Les deux fragments 1 et 7, ainsi que M. de Wailly, s'accordent au sujet de ce vers.

Dans le milieu d'un char 110 de nonpareilles,

Un Saint en sucre, et qu'emportent au ciel 111

Des Séraphins vétus de caramel, 112

Environnés de la gloire en croquante,

Qui s'en vont 113 tous, au nombre de cinquante,

Vers le Très-Haut, par la commodité 114

Des boulangers de l'immortalité. 115

Une autre sœur, avec un soin extrême, 116

Parfume à fond ce palais enchanté

De la mollesse et de la volupté,

Pour le dessert d'un sermon de carême. 117

Quel changement! 118 près de ces lieux divins,
Où tout s'applique aux délices des Saints,
Quel noir réduit
119 voisin de cet office,
Des feux du jour est à peine éclairé.
Quel infernal et cruel sacrifice,
Par cette vieille est-il donc préparé?
Ciel! j'aperçois l'épais et froid breuvage
Qui doit flétrir une fleur avant l'âge:
Oui,
dans le fond d’un cabinet à part, 120
Un comité des antiques discrètes,
Le nez armé d'imposantes lunettes,

110 Le fragment n° 1 s'arrête ici; mais le n° 7 et M. de Wailly complètent le vers.

111 Le fragment n° 7 ajoute les deux vers suivants en variante:
Fortune, gloire, en sucre, en non-pareilles,

Ou quelque Saint qu'emportent vers le ciel... M. de Wailly, sans doute par un lapsus calami, met:
Un Saint en sucre qu'emportent vers le ciel.

112 Le fragment n° 7 et M. de Wailly s'accordent au sujet de ce vers

113 Ces deux mots, comme nous allons le voir, appartiennent au manuscrit de M. de Wailly.

114 Cet hémistiche, précédé immédiatement par les deux mots soulignés du vers précédent, n'a été donné que par M. de Wailly

115 Ce vers, donné exclusivement par M. de Wailly, désigne nécessairement, comme me l'a fait observer un membre de l'Académie (M. Duroyer), les ouvriers qui confectionnent les hosties.

116 Le fragment n° 7 et le manuscrit de M. de Wailly sont d'accord au sujet de ce vers et des trois qui le suivent, seulement le fragment n° 7 porte en variante le mot théâtre au-dessous de celui de palais.

117 Le fragment n° 1 donne également le second hémistiche de ce vers et les deux, autres qui le suivent.

118 J'ai cru lire sur le manuscrit de M. de Wailly, quels changements, mais les fragments 1 et 7 s'accordent entr'eux pour le singulier.

119 Le fragment n° 7, d'accord au sujet de ce vers et des trois qui le suivent, avec le manuscrit de M. de Wailly, porte toutefois en variante, quel noir réduit, bien préférable ici à quel lieu secret, à cause du mot lieu employé plus haut.

120 Ce vers, qui commence par et, m'a été fourni de même que les trois qui le suivent, par les notes de M. de Wailly, à la suite de son Eloge de Gresset; on trouve ce couplet également cité dans un opuscule de M. de La Place, ayant pour titre:
le Supplice des Cloches, ou Épître amicale écrite en 1783 à la dame supérieure des Filles-Saint-Thomas, de quarante pages; il dit à ce sujet, à la note, page 11: ‘ Dans un chant que Gresset devait ajouter à son charmant poème de Ver-Vert, intitulé L'Ouvroir des Nonnes, l'auteur de cette épître qui, en qualité d'ami et de compatriote, a beaucoup vécu avec lui, se
rappelle de lui avoir plus d'une fois entendu lire à peu près les vers suivants: Et dans Le fond, etc.’

Fait distiller le glaçant nénuphar,

Et sœur Saint-Paul devant l'âtre accroupie, 121

Lorgne son pot 122 d'un œil de canidie.

En la voyant au milieu des tisons,

D'où reflétaient mille clartés funèbres,

On aurait dit un esprit des ténèbres

Qui de l'enfer exprimait les poisons.

Pendant qu'ainsi s'occupaient les discrètes,

Du saint Ouvroir les plus jeunes nonnettes,

Que présidait la mère Barnabas,

Discutaient fort et ne s'entendaient pas;

De ce conseil, grave était la matière.

Là, sœur Simon, depuis une heure entière,

Se rejetant bien loin dans le passé,

De notre oiseau racontait la naissance:

» Oui, disait-elle, oui, Dieu s'est surpassé

» En le créant, et sa toute-puissance,

» Dans l'arche aussi voulut le conserver;

» C'est lui, mes sœurs, et non pas la colombe,

» (Je dois ici vous le faire observer,)

» Qui, sous le nom de l'antique Palombe, 123

» Fut le porteur du bienheureux rameau,

» Gage de paix, dans ce temps de misère,

» Quand du déluge arrêtant le fléau,

» Le ciel enfin désarma sa colère,

» Et consentit à revoir les humains,

» Du monde encor peupler la solitude,

» N'exigeant d'eux que le travail des mains

» Pour les punir de leur ingratitude.

» Ver-Vert alors, par un contraire sort,

» Eut en partage, avec le don de plaire,

» L'heureux emploi d'être un vrai réconfort

» Contre l'ennui, notre commun salaire;

» Ainsi, croyez qu'on le verra toujours

» Dans le couvent choisi par ses amours,

» Très-clairement régenter les novices,

» Et parvenir à réprimer leurs vices,

121 Ce vers et le suivant sont au nombre de ceux qu'a conservés l'édition de 18ll; ils se retrouvent également dans le
manuscrit de M. de Wailly, qui est d'accord avec M. Renouard, pour commencer ce vers Par la sœur, commencement que
j'ai dû changer à cause de la liaison des idées, de même que près de l'âtre, etc., à cause du prés de, placé plus haut.

122  M. de Wailly a mis ces eaux; il est clair qu'on doit à cet égard préférer la version de M. Renouard.

123 L'édition in-folio du Dictionnaire de L'Académie, qui parut en 1694, ne donne pas ce mot. L'édition de 1788 (exemplaire ayant appartenu à M. Suard , et chargé de ses notes), porte, au sujet de ce mot: Substantif féminin: oiseau de passage; espèce de pigeon ramier des provinces voisines des Pyrénées. La dernière édition de 1835, n'a retranché de cette première rédaction, que ces mots: oiseau de passade.

Le Dictionnaire des Sciences naturelles, 1825, dit que ce mot, tiré du latin palumbus, est le même que paloma, nom espagnol du pigeon domestique columba domestica, et qu'il désigne le ramier sur la frontière des Pyrénées. D'après Calepin, édition in folio de Lyon, 1734, le véritable nom latin est palumbes, qu'il définit ainsi: Sylvestris columba in arboribus sepibusque nidificans.

Enfin, Roquefort, Dictionnaire de la langue romane, 1808, dit que la palombe est un pigeon plus petit que le ramier.

Il résulte de cette érudition ornithologique, que dans sa généalogie de Ver-Vert, la sœur Simon a pu très-bien, sans trop s'éloigner de la vérité, transformer la palombe en colombe.

 

» En répétant aux échos du parloir:
» Vite, au travail pour notre sainte Eglise,
» Allons, mes sœurs, vite, vite à l'Ouvroir.
» L'Enfant-Jésus est bientôt sans chemise,
» Petit mignon a besoin d'en avoir,
» Ne tardez plus, faites voire devoir. »

De la professe adoptant le système,

Toutes les sœurs aussitôt d'applaudir!

Ah! qu'à leurs yeux l'oiseau vient de grandir!

On s'époumone à broder sur ce thème:

Se répétant jusqu'à satiété.

Dans ce chaos on entend sœur Nicole

S'écrier même: « Oui, Ver-Vert fit école,

» Ce patriarche a de tout temps été

» Le dieu du goût, l'exemple du mérite,

» Et je le tiens professeur émérite,

» Et plus savant que les mille docteurs,

» Enfants perdus de l'antique Sorbonne,

» Dont les écrits, dignes de leurs auteurs,

» Sont des pavots qui n’épargnent personne.

» Eh! qui pourrait ici le contester,»

Dit à son tour la sœur Anastasie,

» Quand Dom Calmet viendra vous attester

» Qu'au Paradis, vers le Nord de l'Asie,

» Chacun a vu l'immortel perroquet

» Charmer Adam par son brillant caquet:

» Ce fait lui seul, si digne de mémoire,

» De nos couvents embellira l'histoire,

» Et du jaseur l'éloge mérité,

» Dans chaque cloître à jamais récité,

» Doit démontrer à la postérité

» Que de Nevers le saint laboratoire

» Fut le refuge où gît la vérité.

» Ajoutez donc, s'écria sœur Victoire,

» Pour compléter ses rares qualités,

» Que vers le soir, aussitôt la prière,

» Se confiant aux soins de la tourière,

» Il fuit alors tous les lieux habités:

» Mais en volant vers son toit solitaire,

» Fort éloigné des tracas de l'Ouvroir,

» Le saint oiseau n'a garde de se taire,

» Vous l'entendez, si ne pouvez le voir,

» Dévotement marmotter à voix basse

» Un Orémus en faveur de la nuit,

» Dont le sommeil comme nous le délasse:

» Sur son bâton reposant donc sans bruit,

» Le bec sous l'aile il attend que l'aurore

» Rende à sa voix un éclat plus sonore,

» Pour préluder, par des accords nouveaux,

» Aux chants joyeux qui charment nos travaux.

» Ainsi jadis l'astre qui nous éclaire,

» Lançant ses feux sur un marbre glacé, 124

» Le ranimait quand il allait se taire,

» Et de ses sons variait la valeur,

» En lui donnant plus ou moins de chaleur.

» Tel nous verrons, au retour du voyage,

» Notre Ver-Vert jamais ne vieillissant,

» Si, redoublant l'éclat de son plumage,

» Du dieu du jour le disque éblouissant

» Lui verse encor tous les feux du jeune âge. »

C'était ainsi, pour charmer le veuvage,
Que les nonnains dissertaient à l'Ouvroir;
Et bien qu'absent, grâce à ce caquetage,
Toujours Ver-Vert y revenait le soir.
Mais plus le temps, maître des destinées,
Alourdissait les tristes matinées
Du peuple entier qu'enfermait le couvent,
Plus s'approchait l'instant de reconnaître
Que, sans l’oiseau, tout languissait souvent
Dans les plaisirs qu'il gouvernait en maître.

Vous saurez donc que le jour n'est pas loin

Où de l'Abbesse, à l'âge séculaire,

Doit s'accomplir l'époque jubilaire,

Et dans l'Ouvroir on recherche avec soin

Comment nos sœurs, en ce temps d'allégresse,

Sauront du cloître amuser la jeunesse,

En conduisant les plaisirs jusqu'au soir,

Sans trop blesser les règles du devoir;

Car, le matin, tout est rempli, tout marche; 125

L'oiseau lui-même, issu des flancs de l'Arche,

Que l'on regrette en ce charmant bercail,

Doit se trouver à la place ordinaire,

Où son plumage offrait ce vif émail,

Qu'Hilarion avait voulu soustraire

Au souvenir des innocentes sœurs.

A leurs plaisirs, prenons part, chers lecteurs,

124 ’Memnon eut en effet une statue colossale à Thèbes, en Egypte, au-delà du Nil; on disait que, lorsque les rayons du soleil venaient à la frapper, elle rendait un son harmonieux. Strabon nous apprend qu'il l'a vue, et qu'il a entendu le bruit qu'elle faisait.’ (Encyclopédie méthodique. Antiquités, tome I V, page 32.) Strabon laisse planer du doute sur la cause de ce bruit; voici textuellement ce qu'il dit: Étant venu visiter ces lieux avec Aelius Gallus, accompagné d'un grand nombre de ses amis et de ses soldats, j'entendis, en effet, du bruit vers la première heure (du jour); mais ce bruit provenait-il de la base ou du colosse, ou fut-il causé à dessein par un de ceux qui entouraient la base; voilà ce que je ne saurais affirmer; car, dans l'incertitude de la vraie cause de ce bruit, il vaut mieux l'attribuer à toute autre chose qu'à un son rendu par des pierres ainsi disposées. (Géographie de Strabon, traduite du grec en français. Paris, 1819, tome V, page 422.) Au moment où je transcrivais ce passage de Strabon, j'ai trouvé, dans l’Eloge historique de James Watt, par M. Arago (Annuaire du bureau des Longitudes, pour l'année 1839, page 280), cette note: Héron
d'Alexandrie, attribuait les sons, objet de tant de controverses, que la statue de Memnon faisait entendre quand les rayons du soleil levant la frappaient, au passage par certaines ouvertures d'un courant de vapeurs que la chaleur solaire produisait aux dépens du liquide dont les prêtres égyptiens garnissaient, dit-on, l'intérieur du piédestal du colosse...
Cette opinion s'accorde assez bien avec celle de Strabon.

125 Portion de vers qui appartient exclusivement au premier fragment.

 

Et pénétrons au fond du sanctuaire;

En y plongeant nos regards curieux,

N'oublions pas qu'il ne faudra rien taire;

Tout le premier, narrateur scrupuleux,

Aurai-je vu ce palais solitaire 126

De 127 tous les arts, sans faire à nos neveux

Le vrai récit 128 d'un travail merveilleux,

Qu'on y trouvait 129, mais qu'un destin contraire

Mit au néant par l’orgueil d’une mère.

Le vain orgueil, ce mal profond du cœur,

Qui, dans le cloître ainsi que dans le monde,

A gangrené la princesse et la sœur,

Sur peu de chose assez souvent se fonde.

L'usage donc a voulu qu'en ce jour,

Plus que jamais à son devoir soumise,

Chaque recluse, admise au saint séjour,

Vienne à l'Ouvroir en sortant de l'église,

Pour installer avec solennité 130

Dans le fauteuil de la communauté,

L'auguste poids de la très-digne Mère,

Et lui jurer obéissance entière,

La main posée au-dessus d'un coffret,

Riche bijou formé de filigrane,

Dont le couvercle éclatant, diaphane,

Ne peut s'ouvrir qu'au moyen d'un secret,

Que le hasard, sous la main qui le presse,

Fait à l'instant partir avec effort;

Malheur, alors, à toute sœur professe,

En éprouvant un pareil coup du sort!

Car à ses yeux se présente une haire,

Qu'il lui faudra porter sans nul retard,

En repassant tous les grains du rosaire:

Victime, hélas! prise à ce traquenard,

Pour le couvent elle fait pénitence,

Réduite même à sa triste pitance,

Quand tout l'Ouvroir prend sa part du festin.

Sœur Euphémon doit subir ce destin,
Et le dépit irritant la blessure
Que son orgueil venait de recevoir,
De ce coffret qu'elle a voulu revoir,

126 Ce vers et les quatre qui suivent sont fournis par le fragment n° 1 et le manuscrit de M. de Wailly.

127 M. de Wailly met à.

128 Le fragment n° 1 porte comme variante le mot portrait.

129 Le même fragment indique, qu’on avait fait; le verbe faire se trouvant déjà placé dans ce couplet, il m'a paru convenable de lui donner ici un équivalent.

130 Ce vers et le premier hémistiche du suivant appartiennent au fragment n° 1. Le dernier hémistiche du second vers s'est trouvé complété par le manuscrit de M. de Wailly.

 

Elle brisa la magique serrure.

Grand bruit alors s'éleva dans l'Ouvroir;

Le discrétoire, armé de discipline,

Sur la coupable a vengé son affront,

En ordonnant que cette sœur mutine

Devant le coffre abaissera son front,

Le premier jour des jeux que l'on prépare.

Après avoir mûrement discuté,
Notre assemblée à la fin se sépare,
En décidant, à l'unanimité,
Suivant l'avis de la sœur Eulalie,
Que les nonnains donneront Alhalie.
Tels autrefois les enfants de Saint-Cyr
De ce chef-d'œuvre étalaient la merveille,
Quand Maintenon se flattait d'adoucir
Les longs ennuis que la grandeur éveille.

Mais aussitôt qu'on proclama ce choix,
Aux jeunes sœurs adjuger les emplois
Devint, alors, chose fort difficile;
Tant l'amour-propre a l'humeur indocile!
Heureusement chacune enfin sentit
Le long retard qu'entraînait ce conflit.

Dans les débats qu'excita le partage, 131
D'habits surtout on tenait à changer;
l'our détourner l'effet de tel orage,
Qui pouvait bien n'être pas sans danger,
Au lieu d'un simple et douteux arbitrage,
Le sort régla, par ses décisions, 132
A qui devaient rester les cotillons. 133
Dans le tragique il fallait quelques gardes;
Certains minois de converses gaillardes,
134
Briguaient la pique, et l'on préféra ceux
Que la moustache occuperait le mieux.
135

Tout s'empressait pour ces scènes divines, 136

131 Le fragment n° 1, ainsi que le manuscrit de M. Wailly, portent:
Quelque débat survint dans le partage;

On disputa, etc.

J'ai dû modifier cette version.

132 Ce vers et le premier hémistiche du suivant proviennent exclusivement du manuscrit de M. de Wailly.

133 Ce second hémistiche et le vers suivant, que donne M. de Wailly, se retrouvent sur le fragment n° 1.

134 Le manuscrit de M. de Wailly m'a fourni ce vers et les deux suivants.

135 Le dernier hémistiche de ce vers se retrouve sur le fragment n° 1.

136 Les fragments n° 1 et 3 s'accordent au sujet de ce vers. M. de Wailly a mis sur son manuscrit, tout conspirait.

 

L’Ouvroir était la salle des machines; 137

La sacristie offrait tous ses atours:

Chapes, rideaux, ornements 138 des grands jours,

Très-bien cousus 139 par la main des novices;

Deux paravents, avec soin préparés, 140

En rapprochant leurs feuillets séparés, 141

Devaient former et théâtre et coulisses, 142

Tant bien que mal la mère Hilarion, 143

Promit le jeu 144 de son psaltérion;

C'était l'orchestre, avec deux serinettes, 145

Une guimbarde et quatre castagnettes,

Dont les accords, modulés savamment.

Allaient toujours répondre constamment

Au ton flûte de la troupe sublime, 146

En secondant la vive pantomime

De chaque scène, où nos plus jeunes sœurs

Se résignaient à composer les chœurs.

Ne pouvant plus s'occuper d'autre chose,
Tragiquement on déclame, on se pose,
Et dans le cloître, au jardin, à l'ouvroir,
Le plaisir cesse ou se change en devoir.
Partant, lecteur, dans la demeure sainte,
Tous autres soins suspendus, interdits, 147
Ne laissaient plus aucun sujet de plainte,
Et de la paix on goûtait les doux fruits;
Chacune alors pensant à son costume,
Veut à l'avance en connaître l'effet,

137 Le fragment n° 1 se joint à M. de Wailly, au sujet de ce vers et du suivant.

138 Ce mot est illisible dans le fragment n° 1; il m'a semblé cependant qu'il y a parements: la copie des fragments que j'ai déjà citée, porte ornements. Les pieds-de-mouche de M. de Wailly indiquent passements.

139 Le fragment n° 1 porte, ainsi que le manuscrit de M. de Wailly, le tout cousu; mais le fragment n° 1 s'arrête à ces mots, tandis que M. de Wailly ajoute, de la main des novices: la copie des fragments porte, de la main des Amours. Je n'ai pas suivi la leçon du fragment n° 1, pour le premier hémistiche, à cause du mot tout déjà employé au premier vers de l'alinéa.

140 J'ai cru lire dans le manuscrit de M. de Wailly, pour deuxième hémistiche de ce vers, que l’on rompit exprès; mais ce dernier mot ne rimant pas avec séparés, j'ai dû changer la fin de ce vers.

141 Le manuscrit de M. de Wailly porte exclusivement: Pour le besoin de leurs ais séparés. On voit que ce dernier mot seul a pu me servir.

142 Le fragment n° 1 ne donne que le dernier mot de ce vers, qui appartient au manuscrit de M. de Wailly.

143 Vers qui se retrouve sur le fragment n° 1 et dans le manuscrit de M. de Wailly. M. Renouard en a donné la fin de cette manière: sœur Saint-Hilarion, dans son édition de 1811.

144 Le manuscrit de M. de Wailly m'a fourni ce vers, conjointement avec M. Renouard; ils portent tous les deux devait jouer, que je n'ai pu conserver, puisque le mot devaient se trouvait déjà plus haut.

145 De ce vers et du suivant, qui appartiennent au manuscrit de M. de Wailly, on ne retrouve, sur le fragment n° 1, que le seul mot castagnettes.

146 Le fragment n° 1 et le manuscrit de M. de Wailly s'accordent au sujet de ce vers.

147 Le fragment n° 1 et le manuscrit de M. de Wailly sont également d'accord au sujet de ce vers.

 

Et de l’eglise on retire, on exhume

Ce que renferme un antique coffret.

L'aube, l'éphod, la thiare pointue, 148

Que doit porter la sœur Saint-Perpétue,

Que sa carrure et l'air d'apostolat 149

Avaient promue 150 au grand pontificat.

De son côté la novice Eulalie,

Au port de reine, et jouant Athalie,

Drape sur elle un costume élégant, 151

Les longs cheveux 152 qu'emprisonnait son voile 153

Sont surmontés d'une brillante étoile,

La mousseline, au tissu voltigeant, 154

Le vert naissant de mille fleurs nouvelles,

Le vif éclat des roses les plus belles,

Tout se rapporte à cet air engageant, 155

Svelte, enchanteur, aux grâces naturelles, 156

Que relevaient et maline et dentelles:

Des brodequins d'une gaze d'argent, 157

Font ressortir pied mignon, jambe fine,

Dont le contour aisément se devine;

Chez elle, enfin, l’ensemble est séduisant, 158

Sous cet habit d'un rôle intéressant, 159

Bien préférable à la noire élamine.

148 Ce vers et le suivant appartiennent exclusivement au manuscrit de M. de Wailly.

149 Au vers du fragment n° 4, portant et l'air du doctorat, j'ai préféré la leçon de M. de Wailly.

150 Le fragment n° 4 donne seulement le premier hémistiche, et porte avait; la fin du vers provient de M. de Wailly.

151 Ce dernier mot m'a été fourni par le fragment n° 1, qui porte de même que le manuscrit de M. de Wailly, à cet air élégant. Il ne m'a pas été possible de faire usage des trois premiers mots pour ce vers, je les ai reportés plus loin.

152 Le manuscrit de M. de Wailly porte: de longs cheveux.

153 La copie des fragments ajoute au premier hémistiche de ce vers: en boucles éternelles, dont je n'ai pu faire usage.

154 Il m'a été impossible de conserver à ce vers et aux deux qui le suivent la forme qu'ils ont dans les fragments n° 1 et 3, ainsi que dans le manuscrit de M. de Wailly, parce qu'ils présentent deux enjambements fort désagréables à l'oreille, reproduits également par le fragment n° 6, qui semble cependant donner ces vers d'une manière pins correcte, et que
voici:

Couvrez le tout d'un tissu voltigeant,

De mousseline et des fleurs les plus belles,

D’un vert naissant et de roses nouvelles.

Le manuscrit de M. de Wailly porte, au lieu de nouvelles, pareilles, de même que le fragment n° 3; le mot nouvelles est du fragment n° 6.

155 On vient de voir (note 151), l'emploi du mot élégant, que je ne pouvais plus reproduire ici. Le fragment n° 5 donne de même a cet air élégant.

156 Ce vers se retrouve sur les fragments 1 et 5; ce dernier met leste au lieu de svelte.

157 Les deux fragments 1 et 6 s'accordent avec M; de Wailly au sujet de ce vers.

158 Le fragment n° 1 porte:

A tous ces traits, ensemble séduisant.

J'ai dû nécessairement modifier ce vers.

159 Le manuscrit de M. de Wailly et le fragment n° 5 mettent joignez l'habit; c'est le fragment n° 6 qui donne le second hémistiche de cette façon: de ce début intéressant.

Voulant draper le royal orphelin,

Qui paraîtra sous la grâce enfantine

Et les traits fins de la jeune Ernestine,

On organise un long habit de lin

Qui rend son air encor plus agréable.

Mais, ô douleur! contre-temps déplorable!

La fièvre ardente, avec redoublement,

Frisson, chaleur et triste accablement,

Vient aliter noire pensionnaire, 160

Grand embarras, comment allons-nous faire?

L'Ouvroir contrit est en plein désarroi;

Qui prendra-t-on pour remplacer le roi?

Qui? s'écria la sœur dépositaire,

Ne cherchez plus, j'ai votre actrice... moi!

Dans tous les coeurs ce mot jette l'effroi.

Figurez-vous 161 une masse pesante,

Un dos convexe, une tête branlante, 162

Deux yeux défunts, caches dans leur tombeau; 163

Assez de barbe, 164 un cuir soi-disant peau, 165

Le front marron sillonné par échelles, 166

Un nez, camard et le menton pointu,

Jambes toujours inégales entr'elles, 167

Se terminant par un sabot tortu,

Et vous aurez l'aspect hétéroclite

Que présentait notre sœur décrépite,

Qui, ce jour même, autre étrange incident,

Venait, hélas! en mangeant un peu vite,

De perdre enfin une dernière dent.

160 On avait choisi, dit M. Renouard (préface de l'édit. de 1811, page XLVII), pour remplir le rôle de Joas, une jolie et fraîche nonnette; mais le malheur avait voulu qu'une maladie, qui lui était survenue subitement, l'enleva au moment où l'on devait jouer la pièce; une vieille mère Cunégonde, qui ce jour-là perdait sa dernière dent, voulait remplacer la jeune religieuse; grande réclamation de la part dés novices; la cause était portée devant le sanhédrin embéguiné; il y était décidé qu'on ne devait pas contredire la révérende Douairière, de peur que son mécontentement ne troublât la fête, et elle l'emportait sur tout le noviciat.

161 Le fragment n° 3 porte imaginez; j'ai préféré la leçon du manuscrit de M. de Wailly.

162 Le même fragment porte tremblante; l'expression de M. de Wailly me semble préférable; le fragment n° 3 porte, comme variante, tombante.

163 Le fragment n° 1 donne le premier hémistiche de ce vers, le second appartient au manuscrit de M. de Wailly.

164 Les fragments 1, 5 et 6 s'accordent avec M. de Wailly, au sujet de cet hémistiche.

165 Cette version est cette du fragment n° 5 et de M. de Wailly. Les fragments 1 et 6 portent imaginez la peau.

166 Ce vers appartient au fragment n° 1, mais il commence par D’un front, etc.; le n° 6 commence de même, et met:
D'un front citron, une vois glapissante,

Il ajoute ensuite:

Pour achever l’image éblouissante.

167 Cette idée m'a été fournie par cet hémistiche du troisième fragment, d'un pied plus court, dont je n'ai pu déterminer autrement le sens, attendu que le second hémistiche est des grâces séduisantes, et qu'il est suivi par ce vers: D'une voix sourde un son faible et tremblant, dont j'ai dû me priver ici, comme de la voix glapissante du fragment n° 6, pour ne pas allonger outre mesure le portrait grotesque de la vieille.

Rumeur fort vive alors se renouvelle;

Les jeunes sœurs, dans leurs joyeux écarts,

De l'édentée accusant la cervelle,

Incessamment l'accablent de brocards;

Et dans l’Ouvroir mille plaintes amères,

Sans plus tarder volent de toutes parts.

» Oui, se dit-on, la bouvillon des Mères, 168

» L’éternité, la sœur Saint-Cucuphas, 169

» Voudrait jouer, quoi? Le petit Joas!

» Jubilé monstre, 170 et qui pourrait bien être 171

» Sans l'offenser, la maman du grand-prêtre. »

De son côté, sur ce singulier cas,

La vieille aussi, de sa douleur mortelle,

Fait retentir les cloîtres d'alentour,

En s'écriant: « Quoi! ne puis-je à mon tour,

» Ainsi que vous, portant la soutanelle,

» Pour un seul jour redevenir enfant?

» Du roi Joas j'ai le port et la taille,

» Ne faisant point ce que la loi defend,

» A son exemple on sait que je travaille,

» Et comme lui quelquefois à l'autel

» Je porte même ou l'encens ou le sel,

» Puisque c'est moi qui, dans la sacristie,

» Avec les pains de notre eucharistie,

» Présente au Père étole et corporal;

» Des saintes lois je sais le sens oral,

» Et cette main que guide la nature

» Doit de Ver-Vert préparer la pâture. »172

Sur ce récit, le docte sanhédrin,

Sans plus tarder, jugeant en souverain,

Au vieux Joas donne, en plein, gain de cause,

Mais des enfants pour calmer le chagrin,

A son arrêt il ajoute la clause,

Que notre Mère, étant un puissant roi,

Et ne marchant qu'entouré de lévites,

Devra toujours apporter avec soi

Force bonbons pour les Israélites.

168 Version de M. de Wailly; le fragment n° 6 porte la doyenne des mères.

169 Vers appartenant au manuscrit de M. de Wailly, et dont M. Renouard (loco cit., page LXVIII) avait cependant donné le dernier hémistiche avec le vers suivant, portant comme variante ces mots: voulut jouer.

170 Le manuscrit de M. de Wailly porte: et monstre jubilé.

171 M. Renouard avait déjà donné une ébauche de ce vers et du suivant; sa version porte:

qui pouvait être, S'il m'en souvient, la mère du grand-prêtre.

La version de M. de Wailly m'a paru préférable surtout pour le second vers; elle porte aussi au premier: et qui pouvait bien être.

172 On voit qu'ici je n'ai pas le mérite de l'invention, et que toutes ces idées sont des réminiscences burlesques de Racine.

 

Par ce moyen s'apaisa la clameur

Que soulevait ce grave enfantillage,

Facilement on revient au jeune âge,

Et le bravo succède à la rumeur;

C'est le zéphir qui remplace l'orage,

Et dont le souffle a calmé tous les vents;

Lors on s'empresse à cajoler la Mère,

A la servir tous les cœurs sont fervents.

En lui parlant, c'est ma bonne ou ma chère:

Les petits noms sont nés dans les couvents. 173

A son égard c’est ainsi qu'on s'exprime,

Chaque novice oubliant sa douleur,

Et le conseil, qui sur le cloître prime,

Décide encor de nommer un souffleur,

Pour arriver au secours de la rime,

Si la mémoire éprouvait un malheur;

Or, devinez, en cette circonstance,

Qui dut remplir cet emploi d'importance,

Et s'il fallut applaudir de nouveau,

En apprenant que l'auguste assistance

Avait nommé la mère Simoneau,

Voyant à peine à deux pas de distance,

D'une voix sourde, au son faible et tremblant, 174

Bégayant fort, parlant en bredouillant;

Enfin, déjà, pour comble de merveille,

La surdité lui durcit chaque oreille.

Ce n'était tout; après la majesté 175

De ce spectacle, après sa gravité, 176

Il fallait bien une petite pièce

Pour égayer, par quelque gentillesse,

Le discrétoire et sa maternité,

L'esprit du lieu, 177 la Sapho monacale

Doit composer l'ode patriarcale

Que chanteront et bergère et berger,

Du loup cruel évitant le danger,

En respectant la naissante verdure 178

Du champ soumis à la vaine pâture.

173 Ce vers est, d'après la tradition, l'un de ceux qui appartenaient au chant de Pensionnaires, où je n'ai pu le placer. (Voyez
édition de 1811, loco cit., page xlv.)

174 Vers du troisième fragment déjà cité. Voyez note 167.

175 Ce vers et les quatre suivants appartiennent au premier fragment, et se retrouvent également dans le manuscrit de M. de Wailly.

176 Le fragment n° 1 porte, ce spectacle, de même que M. de Wailly, dont j'ai suivi la leçon pour le second hémistiche, le fragment portant, la gravité.

177 Le fragment n° 1 s'arrête à cet hémistiche; le second appartient au manuscrit de M. de Wailly.

178 Vers du fragment n° 1, que le manuscrit de M. de Wailly donne également.

 

Pour terminer, 179 une façon de bal
Galamment saint doit achever la fête,
180
Et deux Vertus d'une grandeur honnête, 181
Y danseront 182
un tambourin moral; 183
La palme en main, les étoiles en tête, 184
Rien n'était mieux, d’autant qu'on savait bien
Que le public
185 n'en saurait jamais rien. 186
Défense fut d'en parler, 187 même au Père, 188
A moins pourtant que le berger Damon,
Un peu trop vif auprès de sa bergère,
Et succombant à l'œuvre du démon,
Ne fut contraint, en quittant la fougère, 189
De s'accuser, 190 dans la direction, 191
D'avoir failli pécher par action.

Ainsi le roi de notre tragédie,

Le tambourin, la scène d'Arcadie,

Tout devait être au niveau du concert,

Il ne manquait à cette mélodie,

Pour compléter la tendre psalmodie,

Que les doux sons du révérend Ver-Vert.

179 Le manuscrit n° 1 et le manuscrit de M. de Wailly portent conclusion, dont je n'ai pas cru devoir faire usage.

180 Le fragment n° 1 porte terminerait, tandis que M. de Wailly a mis doit terminer. Avant déjà fait usage de ce mot au vers précédent, pour remplacer celui de conclusion, j’ai dû rejeter également la leçon de M. de Wailly.

181 Ce vers et les quatre qui le suivent appartiennent en partie au fragment n° 1 ainsi qu'au manuscrit de M. de Wailly; mais le fragment n° 1 ne donne pas le dernier mot du premier vers.

182 Le manuscrit de M. de Wailly et le même fragment portent devaient danser.

183 Sorte de danse dont l'air se bat à deux temps. (Voyez J.-J. Rousseau, Dictionnaire de Musique.)

184 Dans le fragment n° l, en tête est souligné.

185 Le fragment n° 1 s'arrête ici.

186 Cet hémistiche appartient exclusivement à M. de Wailly.

187 Le fragment n° 1 porte d'en rien dire, sans finir le vers.

188 Cette dernière partie du vers vient du manuscrit de M. de Wailly, ainsi que les deux vers qui suivent.

189 Ce vers appartient encore au manuscrit de M. de Wailly.

190 Le manuscrit de M. de Wailly porte d’en dire un mot.

191 Ce dernier hémistiche, que donne M. de Wailly, se retrouve aussi sur le fragment n° 1.