Parijs - 19e eeuw Armand Silvestre Bibliothèque perroquettique Silvestre # 05

CuBra

HOME

BIBLIOTHEQUE

  Waarin bewezen wordt dat een niet bijzonder begaafde maar niettemin door mevrouw Filosa  buitengewoon geliefde papegaai zich zonder enige moeite of aanwijsbaar talent kan opwerken tot de hoogste positie in het huishouden der Filosa's. In welke situatie abrupt een verandering komt als Coco zonder aanwijsbare oorzaak zijn spraak verliest. En waarom en hoe meneer Filosa daarvan tot besluit van eerdere en diepe vernederingen de schuld krijgt. Gevolgd door de wonderbaarlijke genezing van voornoemde Coco, en hoe hij daarvan getuigd heeft tijdens een groot diner.  

1888

Fabliaux gaillards

 

 

Coco

 

I

Comme son nom l'indique, un simple perroquet. Magnifique alors, pour être le digne héros d'une aventure! Non! ma foi! Un médiocre perroquet, de petite taille, d'un vert douteux avec quelques plumes sanguinolentes aux ailes, le perroquetus vulgaris des concierges; mais méchant et désagréable comme les autres – j’entends les perroquets et non les concierges, ne voulant pour rien au monde me mettre mal avec une corporation qui nous peut fermer au nez la porte ou nous chiper nos lettres. - Alors qu'avait donc ce Coco de si intéressant? Tout simplement la place qu'il tenait dans la vie d'une fort jolie femme. Etait-ce donc un présent d'amour, le souvenir d'un retour des Indes impatiemment attendu? Pas du tout. Madame Filosa était une très vertueuse personne et qui fréquentait chez mes parents, quand j'étais beaucoup plus jeune qu'aujourd'hui. Elle était blonde, blanche, appétissante comme un morceau de pain frais, avec un sourire qui montrait de jolies petites dents nacrées. Je la revois encore et je crois bien que j'en étais un peu amoureux comme de toutes les dames grassouillettes qui venaient en visite à la maison. J'étais lunatique (j'entends non pas fantasque, mais amateur de pleines lunes) dès mes jeunes années. Coquelin cadet , le joyeux auteur du Rire, prétend que j'ai dû naître à Saint-Lunaire. Mais non, je suis né tout bêtement à Paris, tout en m'enorgueillissant d'être de Toulouse la Romaine. Ah! il y avait un Monsieur Filosa, un petit homme devant sa femme, bien qu'il mesurât une haute taille et une ampleur imposante. On m'a souvent conté, dans ma famille, le martyre dont était l'objet ce pauvre homme qui relevait de l'Enregistrement ou des contributions indirectes, je ne sais plus au juste lequel des deux, dans le cheflieu d'arrondissement que nous habitions alors. Or, Coco était précisément l'instrument de torture au moyen duquel Madame Filosa, excellente tortionnaire, Torquemada femelle, tourmentait le benoit fonctionnaire que ses parents lui avaient donné en justes noces, comme on disait dans le Code latin. Coco était le dieu de la maison, et le pauvre époux en était le domestique. Coco jouissait de licences sans nombre et Monsieur Filosa n'osait dire: ouf! chez lui, même quand il faisait très chaud. Coco parlait mal mais un peu. Il comptait aussi. Tout le monde devait faire silence pour l'écouter. Un jour qu'il avait compté jusqu'à cinq, M. Filosa eut le tort de l'interrompre en éternuant, ce qui est cependant un acte bien involontaire. Sa femme le traita d'imbécile, d'impertinent et de jaloux et ajouta: - On voit bien que vous n'êtes jamais allé jusque-là!... Parbleu! Coco avait son perchoir nocturne tout près de l'oreiller de Madame, et Monsieur couchait seul dans un autre lit, sous prétexte qu'il ronflait et empêchait Coco de dormir. Une autre fois, le perroquet eut une espèce de fluxion qui lui souleva l'œil gauche, lequel clignotait déplorablement avec un papillottement d'or changeant. - La pauvre bête est bien défigurée? hasarda de dire ce pauvre Monsieur Filosa. - Il serait à souhaiter que vous lui ressembliez! lui répondit aigrement sa femme.

 

II

Un jour, Coco dont la fluxion était cependant guérie, se mit à ne plus parler ni compter. Ce mutisme inattendu mit sa maîtresse dans une inquiétude mortelle. Elle prétendit tout d'abord que c'était son mari qui avait blessé la légitime susceptibilité de l’animal en lui coupant la parole. Monsieur Filosa dut faire ses excuses au perroquet qui les accueillit avec plus de dignité que de courtoisie. Mais Coco ne recouvra pas la parole pour cela. On lui joua du piano dans l'espoir que le désir de faire taire les sons désagréables de cet instrument lui ferait élever la voix. Les plus agaçantes mélodies de Rosellen lui-même n'eurent pas raison de l'obstination de l'oiseau. On lui donna successivement un lavement trop chaud et un lavement trop froid (à lui qui était fort difficile en cette matière) sans en obtenir la moindre protestation. Madame Filosa passait des journées entières à lui parler nègre aux oreilles, dans l'espérance qu'il répéterait un mot, un seul! Rien! pas le moindre écho à ce bavardage, pas la moindre rime à cette poésie hottentote. On fit venir plusieurs vétérinaires qui visitèrent la langue de la bête et la déclarèrent en parfait état. Pendant ce temps, le pauvre Monsieur Filosa se mourait d'une colique à laquelle on ne portait pas la moindre attention. Il eût fait bon qu'on s'occupât de lui pendant que Coco demeurait implacablement silencieux!

Vous ai-je dit que madame Filosa était dévote? Je ne lui en fais pas un reproche, au moins. Les femmes dévotes ont du bon qu'on reconnaît en étudiant, de plus près, celles qui ne le sont pas. Le bon Dieu est encore l'amant dont je serais le moins volontiers jaloux. Au moins, est-ce plus flatteur d'être trompé pour lui que pour un simple godelureau. C'est ce qu'on peut appeler un maitre sérieux.

Ah! que j'en ai vu de ces jolies petites dévotes de province qui emportaient du confessionnal un air contrit à faire pouffer de rire, une bonne petite moue de repentir qui eût désarmé Satan lui-même, sans parler de ce doux relent d'encens que les femmes qui fréquentent les églises emportent dans leurs cheveux et qui en sanctifie délicieusement les aromes profanes et charnels. Charmants à tracer– et j'y reviendrai un jour - ces profils de paroissiennes dominicales qui marchent vite dans les rues, avec un regard de côté et un livre dans la main, ou qui reviennent en grignottant un petit morceau de pain bénit. Tout le charme n'est pas aux courtisanes, comme on feint de le croire aujourd'hui. Oui, Madame Filosa était dévote, et si quelqu'un se fût permis de jurer devant elle, elle se fût signée avec horreur et mépris.

– Si vous faisiez prendre tout simplement à votre perroquet du vin sucré! lui dit, au sortir des vêpres, le marguillier Ventemollet qui avait beaucoup de sympathie pour elle. C'est le remède indiqué par Molière pour les oiseaux et pour les jeunes filles muettes.

Un verre de vin très sucré et un peu tiède fut préparé par madame Filosa, qui y trempa de petits morceaux de pain et commença à les glisser dans le bec noir de Coco qui en faisait claquer les bouts, par impatience, comme des castagnettes: au troisième morceau, l'oiseau dit:

– Nom de Dieu! vous allez m'étrangler.

– Merci Seigneur, s'écria madame Filosa, en tombant à genoux.

– Mais il a juré! hasarda son mari.

– Est-ce qu'il sait, lui! fit-elle avec toutes les miséricordes du monde dans le sourire et dans le regard.

 

III

Monsieur Filosa venait d'être nommé de seconde classe sur place. Car c'était un fidèle employé et très dévoue a son état. C'est un homme qui vous aurait conservé des hypothèques dans de l'esprit de vin plutôt que de les laisser se gâter. J'approuverai toujours le gouvernement quand il donnera à de tels hommes un avancement mérite. Il parut convenable à madame Filosa de donner un dîner à cette occasion, un de ces bons petits dîners départementaux où le poisson et les croquembouches arrivent tout montés de la cuisine du principal hôtel de l'endroit. C'est un genre d'agapes dont je me défie. On ne mange bien en province qu'à la condition de manger simplement. A moins cependant que Paul Graff , le Mécène culinaire des artistes normands, ne daigne lui-même faire sauter un poulet ou assaisonper une sole. Autrement, ça n'en vaut pas la peine. Vive la pomme de terre et les bons ragoûts que la ménagère a laissée mijoter en consciénce, elle qui fait si bien la nique à l'odieuse sauce brune des restaurants parisiens! Mais je reviens au dîner offert par les époux Filosa. Je dis: dîner, parce que c'est ainsi qu'on nomme, dans les deux tiers de la France, le repas copieux qui se fait vers midi, et qui souvent ne dure pas moins de la demi-journée. Toutes les personnes notables de l'endroit y étaient invitées, dont les auteurs de mes jours qui en faisaient partie et de qui je tiens ce trait suprême des amabilités de Coco. Je ne vous parlerai pas du menu, ni même des invités. Que vous importe qu'il y eût la le président Battopieu, le commandant Mouilledru, le percepteur Vessedroit, l'avoue Pissoli, le notaire Rothensol, le rentier Foirasse, l'architecte Pétalas, le docteur Poussemol, l'apothicaire Oculi, et cette fleur de la noblesse du lieu, haute dame Fourton, née Danmon, douairière! une société choisie, quoi!

On était en été et, dans les carafes aux larges bords, la tisane frappée fut servie, en même temps que la langouste, dite en belle-vue, c'est-à-dire, détaillée en menues tranches aux bords rosés servant d'assises à une architecture de gobichonnades variées, descendait solennellement sur le milieu de la nappe. On sentait parmi les convives, outre une délicieuse odeur de femmes décolletées dont la tiédeur de l'atmosphère aiguisait les parfums naturels, un redoublement de belle humeur et d'appétit.

– Coco! Coco! où est Coco? fit tout à coup madame Filosa, en regardant autour d'elle avec des minauderies inquiètes.

L'affreux oiseau accourut, en battant lourdement de l'aile. Après avoir été frôler ses pattes rugueuses à la main charmante et douce de madame Filosa, il sauta sur le bord d'une des carafes de champagne et s'y tint en équilibre.

– Est-il charmant ainsi s'écria sa maîtresse enthousiasmée.

Le perroquet se retourna, sans quitter son perchoir de verre, et v'lan! il laissa choir une belle crotte blanche dans la tisane. 

Cette familiarité causa un froid. Madame Filosa ne broncha pas.

Se penchant vers l'oreille de l'apothicaire Oculi qui était son voisin, le pauvre M. Filosa se contenta de dire:

Ah! Sapristi! si c'était moi qui eût fait ça!

- Coquelin cadet... Bedoeld wordt een van de humoristen en performers uit de kring van de 'Hydropathes'. Coquelin stond bekend om zijn acrobatische  stemtechniek.

Bron: www.gallica

Coquelin figureert ook in Silvestre # 4

 

le joyeux auteur du Rire = Coquelin cadet. 

 

Saint-Lunaire - Waarschijnlijk een apocriefe heilige die niettemin in noordwest Frankrijk zeer populair was als geneesheilige van oogziekten (Coco verliest het licht in een van zijn ogen). De plaatsnaam die Silvestre noemt is HPM niet bekend. Jacques E. Merceron noemt wel twee geneeskrachtige Lunaire- bronnen in  Dictionnaire des saints imaginaires et facétieux; 2002.

 

Rosellen - Silvestre doelt op componist Henri Rosellen (1811-1876). 

 

Filosa était dévote... - Vergelijk hiermee de gelovige Félicité uit Un Coeur Simple van Gustave Flaubert

 

Molière - Le médecin malgré lui (1667)

SGANARELLE.

- Mon avis est qu'on la remette sur son lit: et qu'on lui fasse prendre pour remède, quantité de pain trempé dans du vin.

GÉRONTE.

- Pourquoi cela, Monsieur?

SGANARELLE.

- Parce qu'il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une vertu sympathique, qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu'on ne donne autre chose aux perroquets: et qu'ils apprennent à parler en mangeant de cela?

GÉRONTE.

- Cela est vrai, ah! le grand homme! Vite, quantité de pain et de vin.

 

morceaux de pain... Dossier à la carte

 

Paul Graff - Deze verwijzing is nog niet opgehelderd door HPM

 

une belle crotte... -   de plot van dit verhaal vertoont een opmerkelijke overeenkomst met een gedicht van Grenet-Dancourt (HPM)