Parijs - 19e eeuw Armand Silvestre Bibliothèque perroquettique Silvestre # 17

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  Waarin de schrijver ons opnieuw meeneemt naar een paradijselijk buitenverblijf met gastvrouw en papegaai, alwaar het gezelschap een uitstekende maaltijd geniet van kreeft en bonen uit Soissons, en hoe de ontsnapping van papegaai Nestor voor een amoureus nagerecht zorgt.  

1896

Contes irrévérencieux

Le perroquet (3)

I

Il était blanc avec les ailes légèrement ourlées de jaune très clair, pas bien gros et pourvu d’une crête très haute de plumes s’écartant en dents de scie quand il avait quelque émotion. Il était très ignorant et ne savait dire absolument qu’une chose: « Bon appétit! » C’est sans doute cette faculté de rabâchage qui lui avait valu le nom de Nestor. Volatile médiocre au demeurant, mais qui n’en était pas moins adoré par sa maîtresse. Delicias domini, comme l’Alexis virgilien, qui fit mieux de vivre sur les bords du Tibre que sur les bords de la Tamise. Mme de Sainte-Ildefonse ne jurait que par la beauté, l’éloquence et les vertus de Nestor. Elle lui prêtait des raisonnements dont la profondeur eût étonné Pascal et comparait couramment sa voix à celle de la Patti. C’était une adoration d’une bête pour une autre. Car Mme de Sainte-Ildefonse manquait totalement de génie. Mais par combien de charmes d’un usage plus courant dans la vie elle le remplaçait! D’abord, un embonpoint de quadragénaire bien conservée qui eût prolongé de dix ans la tolérance de Balzac en matière d’âge féminin. Jamais femme ne s’assit moins sur un rêve. Je sais que cela n’est plus de mode aujourd’hui, où les dames ne veulent plus que de séraphiques coussins naturels. Aussi, était-elle de son temps et de celui où aimaient les hommes de ma génération, d’un goût absolument différent de celui des godelureaux contemporains. Nous mesurions, à l’ampleur de nos mains plus robustes, la pomme hespéridienne qui les occupe si bien pendant les extases de l’âme! Ô douces obèses – un peu seulement toutefois! – qui portez comme une croix votre postérieure santé, montueuse comme un calvaire, consolez-vous! nous vous avons bien aimées!

Mme de Sainte-Ildefonse l’avait été beaucoup aussi, il n’y a que quelques années encore, avant que M. de Quentin, qui lui avait laissé sa jolie propriété de Bougival, eût exhalé son suprême souffle. Est-elle sage maintenant, dans le sens stupide du mot? Nul ne le sait, mais tous le trouvent improbable. La vérité est qu’elle respecte infiniment la mémoire du généreux testateur et évite absolument de rendre son ombre ridicule. Comme une petite bourgeoise, vit-elle dans son aimable buen retiro, où elle joue même un peu à la fermière. Bien que dame de charité de sa paroisse provinciale, elle n’est pas bégueule dans ses relations. Volontiers, le dimanche, reçoit-elle, pour se distraire, des couples irréguliers, qu’elle traite le mieux du monde. Mais son hospitalité demeure simplement écossaise et non laponne (la vraie cependant, celle-là)! J’entends qu’on trouve, chez elle, la table seulement et non le lit diurne à deux, si appréciable aux heures de sieste, pendant les tièdes journées. Elle met même une certaine coquetterie de vertu à ne pas laisser ses hôtes s’attarder, ensemble, sur les simples canapés, en de dangereux isolements. C’est même le revers de la médaille de ces cordiales et gastronomiques réceptions. Tout pour le ventre et rien pour les aspirations d’une naturelle tendresse. Autour de ses invités, elle fait si bonne garde, que c’est tout au plus s’ils se peuvent permettre, dans leur faux ménage, quelques baisers occultes... les plus savoureux d’ailleurs.

II

Un dimanche plein de lilas, comme ceux d’aujourd’hui et versant, par la banlieue en fête, un monde d’amoureux bruyants grisés de soleil et la profanation joyeuse de tout ce paysage volontiers mélancolique, avec son fleuve alourdi, sans transparences tentantes; ses horizons boisés où courent des buées printanières, ses bois dépouillés déjà par les maraudeurs; et, là-bas, à l’horizon, ce viaduc en ruines qui semble une construction romaine et met des cils d’ombre à la paupière rouge des soleils couchants. Car elle est délicieuse et navrante tout ensemble, aujourd’hui, cette nature de banlieue déjà lointaine, où des fabriques fument, où des chalands s’embourbent avec leurs maisonnettes fleuries, où tout fait penser à ce mot de George Sand: « Que les choses seraient belles, sans les hommes et les bêtes! » Un dimanche où, par les villages parcourus, de petites filles en blanc sortaient de l’église, – telles des hirondelles blanches – dans un bruit de cloches et des échos d’orgue, une note exquisément dévote se mêlant au vacarme débordé de la grande cité. Et ce dimanche-là, les invités de Mme de Sainte-Ildefonse étaient, d’une part, Hippolyte et Nysa, de l’autre, Gaspard et Corysandre, pour ne désigner que par leurs prénoms des époux inconnus à la mairie de leurs arrondissements respectifs, plus le célibataire Tripet qui venait dans la maison, pour la première fois, un être gourmand, timide et sournois, surtout égoïste, ce qui le faisait rechercher beaucoup. Car vous avez remarqué que les égoïstes sont particulièrement, et même seuls, aimés. De ce qu’ils regardent le reste du monde comme rien du tout, on en conclut, un peu légèrement peut-être, que ce sont des êtres à part ayant une juste conscience de leur supériorité. La tendresse est une chose tellement contagieuse que celle qu’ils ont pour eux-mêmes semble se répandre autour d’eux.

Un détail à noter pendant le voyage qui les avait amenés à Bougival. Hippolyte avait fait beaucoup plus attention à Corysandre qu’à Nysa, et Gaspard à Nysa qu’à Corysandre. Un souffle d’adultère innocent, mais réciproque, était dans l’air. Un besoin de changer de dame, comme dans les quadrilles. On ne s’était rien avoué. Mais Nysa et Corysandre étaient certainement complices de cette fantaisie de mutuelle infidélité. Et c’est dans ces dispositions qu’ils arrivèrent tous les quatre flanqués de Tripet, chez la bonne châtelaine qui, comme toujours, commença ses affectueuses hostilités par un gargantuesque repas dont Tripet s’esjouit comme un bon moine, cependant, que, sous la table, les pieds de Nysa cherchaient ceux d’Hippolyte et les pieds de Corysandre les bottines de Gaspard. Nestor, sur un perchoir auquel le retenait une chaînette d’un élégant travail, était, bien entendu, de la fête. « Bon appétit! » criait-il à chaque instant, de sa voix d’ivrogne nasillarde. Recommandation inutile. Car jamais plus complet honneur ne fut fait à un repas.

III

Puis, comme il faisait encore très chaud dehors, on se promena dans la maison, Hippolyte ne quittant plus Corysandre et Gaspard s’obstinant aux pas de Nysa, exquises, toutes les deux, d’ailleurs, dans cette moiteur de jeunesse parfumée qui fait les femmes pareilles à des fleurs ensoleillées où un peu de rosée matinale perle encore; celle-ci brune avec un teint mat, où passaient, dans l’ombre, des lumières d’argent, celle-là blonde, presque rousse, avec une peau blanche où couraient de vagues paillettes d’or, comme dans l’eau-de-vie de Dantzig; toutes les deux non pas grises, mais intérieurement enamourées, avec un souffle qui passait, moins lentement rythmé sur leurs jolies lèvres, avec un alanguissement délicieux de tout leur être repu, et d’inconscientes perversités dans les regards cherchant des regards amis. Et c’est dans ces dispositions d’esprit, lesquelles n’échappaient pas à l’impatiente curiosité de leurs galants d’un jour, qu’on allait de chambre en chambre – toutes délicieusement coquettes, et fleurant bon comme si les roses des cretonnes étaient naturelles, les chambres de la villa! – qu’on errait parmi les canapés obsesseurs, les lits pleins d’invitations, les larges fauteuils dont un dragon du Roi se fût si bien contenté, avec de secrets espoirs d’isolement, mais toujours déçus, car Mme de Saint-Ildefonse, que multipliait certainement son souci vertueux, trouvait le moyen d’être, à la fois, sur les talons de tout le monde.

Évidemment, cette gêneuse avait beau être chez elle, elle était de trop dans la maison. Jamais la propriété ne s’était présentée aux rancunes des anarchistes sous un jour d’abus aussi monstrueux et intolérable.

Cet avis était particulièrement celui du célibataire Tripet, mais non pour les mêmes raisons que nos amoureux. Tripet avait simplement trop mangé. Il avait mis en présence, dans son précieux abdomen, ces deux irréconciliables ennemis qui sont le homard et le haricot soissonnais. J’ai découvert la raison de cette haine séculaire. Avec son armure dont l’émeraude vivante et sombre se pourpre à la cuisson, comme s’ensanglantait au combat la cuirasse des chevaliers d’antan aux tournois et à la guerre, le homard représente le monde héroïque qui envoyait des défenseurs au Saint-Sépulcre, le monde des gentilshommes vêtus de fer, des cavaliers bardés de métal, maniant l’estoc et la lance. Le haricot soissonnais, lui, personnifie la guerre contemporaine, l’artillerie triomphante du courage personnel, la poudre sans fumée. C’est donc deux traditions militaires différentes, exaspérées, intolérantes qu’on emprisonne ensemble en les mêlant dans une agape imprudente. Tripet avait commis cette faute et était devenu, certainement, un champ de bataille où toutes les nuances combinées des deux stratégies s’enchevêtraient en une mêlée douloureuse et pleine de sournois grondements.

Mais j’ai dit la timidité de son caractère. Il aurait mieux aimé mourir que de demander où il pourrait contraindre tous les combattants à une sortie suprême et désespérée. Avec son flair de canonnier, il avait bien essayé de découvrir l’emplacement de ce Pharsale. Mais lui aussi était suivi par Mme de Sainte-Ildefonse, qui ne le savait pas si parfaitement inoffensif en amour. Il fallait à tout prix écarter cette femme. Il y réussit sans se ruiner, et comme vous allez voir.

L’angoisse générale était au comble, quand un cri : « Ah! mon Dieu! » tragique dans son intensité, détourna toutes les attentions. En même temps, tous les regards se dirigèrent vers un grand arbre où Nestor, le perroquet, échappé de son perchoir, se balançait joyeusement sur une branche. Inutilement appelé par sa maîtresse au désespoir, Nestor passa de son tilleul sur un autre appartenant au jardin du voisin. Il était certainement perdu, si on le laissait aller plus loin. Mme de Sainte-Ildefonse, suivie de ses nombreux domestiques, se rua chez son compatriote mitoyen, chez qui commença une chasse en règle à l’oiseau dont la crête narquoise était dentelée comme l’armure de bouteilles cassée d’un mur.

C’est le sournois Tripet qui, lui, rageusement, avait rendu la liberté à la bête, et, grâce à cette diversion, dans les chambres bien coquettes, aux canapés obsesseurs où Gaspard et Nysa, d’un côté, Hippolyte et Corysandre de l’autre, s’étaient égrenés de concert, comme par hasard, aussi bien que dans l’asile discret dont Tripet avait forcé la porte, tous ces heureux purent entendre, de plus en plus lointaine, à mesure qu’il s’en allait d’arbre en arbre, la voix de Nestor qui leur criait: « Bon appétit! »

de la Patti: bedoeld wordt operazangeres Adelina Patti (1843–1919)

 

Adelina (voorgrond) en Carlotta Patti door André Gill.

Adelina Patti stond ook bekend om haar zakelijkheid. Ze liet zich uitbetalen in goud. De overlevering wil dat zij een papegaai had, die zij had geleerd 'Cash!' te roepen, telkens wanneer haar impresario binnenkwam.