Parijs - 19e eeuw Paul Verlaine

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Paul Verlaine, geboren 1844, Metz

1869

Fêtes Galantes

L’allée

Fardée et peinte comme au temps des bergeries,

Frêle parmi les noeuds énormes de rubans,

Elle passe, sous les ramures assombries,

Dans l'allée où verdit la mousse des vieux bancs,

Avec mille façons et mille afféteries

Qu'on garde d'ordinaire aux perruches chéries.

Sa longue robe à queue est bleue, et l'éventail

Qu'elle froisse en ses doigts fluets aux larges bagues

S'égaie en des sujets érotiques, si vagues

Qu'elle sourit, tout en rêvant, à maint détail.

- Blonde en somme. Le nez mignon avec la bouche

Incarnadine, grasse, et divine d'orgueil

Inconscient.- D'ailleurs plus fine que la mouche

Qui ravive l'éclat un peu niais de l'oeil.

1974 - Vertaling De laan, door Raf Tehuan

De laan

Gemaquilleerd, geschminkt als in de herderstijd,

Teer-slank onder enorme linten en strikken gaat

Zij onder het getakte, dat zijn schaduw breidt,

De laan door waar ‘t groen mos op oude banken staat,

Met veel gekoketteer, zwierig wenden en draaien,

Alsof zij spelen wou met lievelingspapegaaien.

Zacht-blauw haar slaapkleed. En haar waaiertje dat glijdt

Tussen de smalle vingers met de brede ringen

Laat haar vaag dromen van erotisch-lieve dingen,

Waarvan ‘t detail haar tot een glimlach verleidt.

In ‘t kort: een blondje. ‘t Aardig neusje met de Monday

vleesrood en vol, waarrond een lichte trotsheid zweeft,

Goddelijk en onbewust – en schoner dan ‘t rond

Schoonheidsvlekje dat aan ‘t oog een flonkering geeft.

Emile Cohl

19?? - Vertaling Die Allee, door Paul Wiegler

Die Allee

Wie eine Schäferin bemalt, mit Puppenwangen,

Gebrechlich anzusehn in all der Bänder Last,

Von Zweigen überwölbt, kommt sie dahergegangen,

Wo die Allee sich dehnt mit grüner Bänke Rast,

In tausendfachem Putz, mit künstlich steifen Schritten,

Wie sie beim Papagei, den man verwöhnt, gelitten.

Es schleppt ihr blaues Kleid; des Fächers Malerei,

Den ihre dünne Hand, besetzt mit breiten Ringen,

Zerknittert, flüstert ihr von schlüpfrig leichten Dingen,

Sie schaut zerstreut ihn an und lächelt etwas frei.

— Sonst ist sie blond. Gar fein die Nasenflügel beben,

Der Mund ist fleischig rot, geschaffen zum Genuss,

Die Augen zierlich leer, und ihren Schimmer muss

Ein Schönheitspflästerchen mit seinem Dunkel heben.

19?? Engelse vertaling door ????

L' allée

Powdered and rouged as in the sheepcotes' day,

Fragile 'mid her enormous ribbon bows,

Along the shaded alley, where green grows

The moss on the old seats, she wends her way

With mincing graces and affected airs,

Such as more oft a petted parrot wears.

Her long gown with the train is blue; the fan

She spreads between her jewelled fingers slim

Is merry with a love-scene, of so dim

Suggestion, her eyes smile the while they scan.

Blonde; dainty nose; plump, cherry lips, divine

With pride unconscious.--Subtler, certainly,

Than is the mouche there set to underline

The rather foolish brightness of the eye.

 

 

 

18?? - Fêtes galantes

Lettre

Eloigné de vos yeux, Madame, par des soins

Impérieux (j'en prends tous les dieux à témoins),

Je languis et je meurs, comme c'est ma coutume

En pareil cas, et vais, le cœur plein d'amertume,

A travers des soucis où votre ombre me suit.

Le jour dans mes pensées, dans mes rêves la nuit.

El la nuit et le jour adorable, Madame !

Si bien qu'enfin, mon corps faisant place à mon âme,

Je deviendrai fantôme à mon tour aussi, moi,

Et qu'alors, et parmi le lamentable émoi

Des enlacements vains et des désirs sans nombre,

Mon ombre se fondra à jamais en notre ombre.

 

En attendant, je suis, très chère, ton valet.

 

Tout se comporte-t-il là-bas comme il te plaît,

Ta perruche, ton chat, ton chien? La compagnie

Est-elle toujours belle, et cette Silvanie

Dont j'eusse aimé l'œil noir si le tien n'était bleu,

Et qui parfois me fit des signes, palsambleu!

Te sert-elle toujours de douce confidente?

 

Or, Madame, un projet impatient me hante

De conquérir le monde et tous ses trésors pour

Mettre à vos pieds ce gage — indigne — d'un amour

Égal à toutes les flammes les plus célèbres

Qui des grands cœurs aient fait resplendir les ténèbres.

Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi!

Par Marc-Antoine et par César que vous par moi.

N'en doutez pas, Madame, et je saurai combattre

Comme César pour un sourire, ô Cléopâtre,

 

Et comme Antoine fuir au seul prix d'un baiser.

 

Sur ce, très chère, adieu. Car voilà trop causer

Et le temps que l'on perd à lire une missive

N'aura jamais valu la peine qu'on l'écrive.

1884

Les poètes maudit

(…)

Quelle éloquence l'Esprit saint lui prête!

(Tous le monde parle ensemble.) (Cet ensemble ne doit pas durer une demi-minute à la scène. Cest l‘un de ces moments de confusion où la foule prend elle-même la

parole.

C'est une explosion soudaine de tumulte où l’on ne distingue que les mots « dollars », « psaumes », « en retard! » « Babylonis », « Laissez-le parler», « Boston!» « Méridienne », etc., mêlés à des aboiements, à des cris d'enfants, des piaulements de perroquets. — Des singes effrayés se sauvent de branches en branches, des oiseaux traversent le théâtre de côté et d'autre.)