Parijs - 19e eeuw Jean Lorrain - (1855-1906)

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Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain - écrivain français à très forte tendance parnassienne, né à Fécamp le 9 août 1855 et mort à Paris le 30 juin 1906.

Bron In 1897 Lorrain engaged in a duel with Marcel Proust (Lorrain had called Proust "one of those pretty little society boys who've managed to get themselves pregnant with literature" in a review of Pleasures and Days, and managed to suggest that Proust was gay in a newspaper article), and it wasn't his first duel. In 1886 he refused to engage in a duel with Guy de Maupassant, who thought he recognised himself in Lorrain's novel Très russe, and in 1887 he came face to face with journalist René Maizeroy. In 1888 he managed to escape from a duel with Paul Verlaine. The duel with Proust appears to have been stylized: both fired a bullet, but nobody was hurt, and their enmity evaporated instantly.

1885

Modernités

 

Een dierlijke flux de bouche

 

Darling

La moustache soyeuse et rousse, bien en chair;

Une chair de beau blond à l'œil appétissante,

Carrant les reins nerveux et l'épaule puissante

Dans le tricot foncé sur le pantalon clair.

Le darling se promène en face de la mer,

Indolent...

Et la troupe affreuse et médisante

Des dames en chapeaux rubis, effervescente,

Détaille son costume et sa marche et son air.

 

« C'est un grec

— Un escroc!

— « Pis, la vieille duchesse

« D'Athys l'entrenait —

 

« Il est du cercle exclus. »

— « La juive madame Irb est, dit-on, sa maîtresse.

 

« Voyez, c'est indécent... la petite comtesse

« D'Orseuil, elle s'arrête et lui rend son salut? »

— « La comtesse, sa mère, était une drôlesse...

« Après tout, et la fille aura de qui tenir... »

 

Et c'est un flux montant de cris, d'aigres paroles,

Une rumeur d'oisons et de perruches folles.

En délire, écorchant l'homme à n'en plus finir.

 

« Je l'ai connu jadis, j'en ai bon souvenir,

« Il était gondolier, à Venise, en gondole,

« Oui, madame, et chantait le soir la barcaroUe ! »

 

« Chanteur!

— « Un tel passé répond de l'avenir. »

 

Et le darling aimé, ravi de tant de haine,

Beau, sans tempérament, lentement se promène,

Serti dans son tricot anglais.

Son seul orgueil

Est d'avoir mis le clan des laiderons en deuil,

Tandis que, dédaigneux, en marchant, il égrène

Des aveux non sentis dans l'oreille mondaine

De quelque madame Irb ou comtesse d'Orseuil.

1888

Dans l'oratoire

Papegaaienmeisjes uit Zuid-Amerika

Combien d'élues sur tant d'appelées? Une justice doit être pourtant rendue; c'est dans le clan des étrangères, des jolies Brésiliennes, Chiliennes et autres petites perruches des Antilles que le sort des belles mesdames X... est surtout envié, discuté, commenté; c'est dans le monde des rastaquouères — eh bien oui! rastaquouères! écrivons le mot, il ne déshonore personne — que nous retrouvons les plus splendides contrefaçons de la belle madame Gauthereau.

1897

Monsieur de Bougrelon

De papegaai met de vergulde snavel

- Mais pourquoi insisterais- je davantage? vous m'avez compris, Messieurs. Pourquoi le nègre étrangla cette guenon, la calomnie n'osa pas même prononcer le mot que nous avons tous chuchoté. Le perroquet, un ara blanc aux ailes tachées de rose, au bec doré à l'or moulu (cette Barbara avait des raffinements de luxe inconcevables), avait l'équivoque manie de becqueter les lèvres de sa dame et ne voulait manger que dans sa bouche, on l'avait dressé à cela... Paquita, elle, coiffait et décoiffait, soir et matin, la Hollandaise... La jalousie arma la main du nègre, je n'en dirai pas plus: nous devons le respect aux morts et j'ai, durant cinq ans, aimé d’amour cette folle Barbara.

 

Denkbeeldige genietingen

Vertaling Jeanne Holierhoek, 1978

Maar waarom zou ik langer uitweiden? U heeft mij begrepen, heren. Waarom die neger die apin had gewurgd, de achterklap durfde zelfs het woord niet uit te spreken dat wij allen hadden gefluisterd. De papegaai, een witte ara met roze gevlekte vleugels en een bek verguld met goudpoeder (die Barbara had onvoorstelbaar geraffineerde staaltjes van luxe) had de dubbelzinnige hebbelijkheid om in de lippen van zijn bazin te pikken en hij wilde slechts eten uit haar mond, dat had men hem zo geleerd... en Paquita verzorgde, ochtend en avond, het kapsel van de Hollandse... Jaloezie dreef de hand van de neger, meer zal ik er niet over zeggen: wij zijn de doden eerbied verschuldigd en ik heb die dwaze Barbara vijf jaar lang liefgehad.

bec doré - Lorrain gebruikt een zeer zeldzaam beeld: een vergulde bek; In HPM bevindt zich slechts deze verwijzing / illustratie:

Goya, Que pico de oro! (uit de serie: Caprichos) 1799

 

1897

Monsieur de Bougrelon

Borden als papegaaien in Haarlem

(...) seule la confiture de gingembre nous remonta, mais nous eûmes pour nous essuyer les doigts un luxe étonnant de serviettes en papier et les plats étaient de vieux Deltt imprimés de devises avec des mots français à même la faïence: Bonjour, monsieur, bonjour.

Etrange pays, où les assiettes parlent comme des perroquets! La halle aux poissons avec des harengères coiffées de chapeaux haute-forme sur des bonnets de dentelle, nous requit un moment: les poissonneries sont merveilleuses en ces Pays-Bas, chaque état avec les nacres et les argents vifs de sa marchandise y forme tableau et ce fut là notre journée à Harlem, où nous ne vimes pas de tulipes.

 

(...) alleen de gemberconfituur monterde ons op, maar om onze vingers af te vegen kregen we de beschikking over een verbijsterende weelde aan papieren servetten, en de schotels waren van oud-Delfts aardewerk bedrukt met spreuken, Franse woorden zo maar op het plateel: Bonjour, monsieur, bonjour.

Vreemd land waarin de borden spreken als papegaaien! De vishal met zijn verkoopsters, die op mutsen van kant hoge hoeden droegen, nam ons even in beslag: de vismarkten in die Nederlanden zijn schitterend; elke tafel met de heldere parelmoer- en zilverkleuren van haar koopwaar vormt er een schilderij, en dat was onze dag in Haarlem, waar wij geen tulpen zagen.

Vertaling Jeanne Holierhoek, 1978

1900

Histoire de masques: l’homme au bracelet

 

Een enorme papegaai in Barcelona

Barcelone, Bilbao, Anvers, Saigon ou Marseille, un voyageur au cours d'une promenade flâneuse à travers les bas quartiers de la ville, s'est laissé tenter par une jolie tête enfantine penchée à la lucarne d'une maison sordide. Le voyageur est à peine entré, que le conte gouaché de tons violents met en scène des

personnages romantiques c'est une négresse coiffée d'un madras jaune d'or, qui accueille le galant et le guide l'escalier gluant tourne en vis au premier palier un perroquet blanc, un ara monstrueux à huppe rose veille, juché sur un perchoir, mais au cinquième, les marches de l'escalier flamboient sous un revêtement de tapis splendides, et la soupente, où il est introduit, est un retrait de princesse orientale, tout de soie, de laque et de fourrures argentées et soyeuses; et là une Grecque de Sicile, proiil de médaille et nudité bronzée de statuette, une femme- enfant de quatorze ans à peine lui fait, frissonnante et pâmée, l'offrande d'un corps souple et vierge.

(...)

La négresse au madras est debout dans l'allée, le perroquet géant jabote sur son perchoir, l'escalier est toujours aussi glissant dans son boyau de murailles humides, les tapis d'Asie flamboient toujours sur les dernières marches, et l'entremetteuse à la face d'ébène ouvre la porte du réduit... mais, hélas!

(...)

Le perroquet géant connaît le cœur des hommes depuis bientôt cent ans qu'il les voit défler dans l'escalier du bouge; et c'est l'oracle même de leurs destinées qu'il crie aux libertins, au seuil du lupanar: tu reviendras, et en effet ils y reviennent tous car on revient toujours à son vice, comme le chien des écritures à son vomissement. Pour une fois qu'on y a rencontré la Grecque de quatorze ans, aux chairs froides et souples, on revient toujours à la maison infâme, tout convaincu qu'on soit de n'y rencontrer que la fillasse vieillie aux seins mûrs; mais l'illusion, l'espérance menteuse d'y entrevoir peut-être, une autre fois, la Grecque de la première rencontre, nous y ramené inexorablement, toujours leurrés et toujours prêts à l'être, car c'est la luxure qui nous conduit.

1901

Le vice errant

 

Sterven als een schuimbekkende papegaai

La chambre de la générale V...! Je n'oublierai jamais ce spectacle. Toutes les bougies des candélabres, toutes celles des lustres allumées en plein feu, toute l'électricité donnée dans la terreur qu'avait la misérable femme de ce téte-a-téte avec ce mort. Sur le lit saccagé comme un champ de bataille, dans le désordre des draps, bouffl, ventru et obscène, le corps sexagénaire de M. B. sur le tapis, un tas de serviettes moullées. On avait dû tenter toutes réactifs possibles, fouetter cette chair apopiectique avec des serviettes humides, tacher par tous les moyens de rétablir une circulation arrêtée. La tête chauve était risible et effrayante; les prunelles chavirées sous les paupières ne laissaient voir que le blanc de l’oeil dans la face hoursouflée et violette la bouche battait, tumeflée; dans un filet d'écume une grosse langue, noire comme celle d'un perroquet, pendait.

(...)

 

De papegaai ontsnapt / hoe lok ik een papegaai

Un soir, par exemple, j'étais appelé en tout hâte: le prince venait d'être pris d'une crise. Je trouvai la maison bouleversée, le jardin plein de lanternes et de falots errants; toute la domesticité sur pied, armée de perches, d'échelles et de cordes. Un des aras familiers du prince s'était échappé, il avait rompu la chamette d'argent de son perchoir et avait gagné les cimes des arbres; c'était justement le perroquet affectioné de Wiadimir, un ara gris et rose au ventre semé comme degouttes de sang. L'oiseau s'était enfui vers une heure et depuis on lui faisait la chasse; il s'était réfugié dans un groupe de palmiers et, caché sous la retombée des palmes, il demeurait invisible, sourd aux menaces comme aux supplications. Où était-il?

Le prince qui, de fureur, s'était mis au lit d'abord dirigeait maintenant les recherches. A peine vêtu, les pieds nus dans des babouches, sans souci de la fraîcheur du soir, il courait de-ci de-là, dans le jardin, maigre à faire peur dans l'envolement d'une gandoura de soie blanche, et, les mains tantôt jointes, tantôt tendues en signe de détresse, il s'époumonnait à appeler l'ingrat. Les noms tes plus tendres se pressaient sur ses lèvres « Mon chéri, mon amour, âme de ma vie, mon bijou rose! » Toute une litanie adorante que remplaçaient soudain injures et jurons. Il sacrait après l'oiseau perfide, le menaçait des pires supplices et, sans vouloir rien entendre, pas plus le Gourkau que sa mère accourue, la pauvre femme, et le priant de rentrer, le prince, un véritable énergumène, envoyait chercher un revolver et faisait feu tout à trac à travers les arbres du jardin.

Le perroquet effrayé quittait sa cachette et s'envolait plus loin, dans le parc d'une villa voisine que le prince voulait faire envahir. Le concierge s'y opposait, et, de mâle rage, le Noronsoff donnait l'ordre qu'on tordit le cou à tous ses perroquets.

Ordre qu'on ne suivait pas, naturellement, en prévision des caprices du lendemain. Le prince était remonté, exténué, dans sa chambre. Je dus veiller une partie de cette nuit-là.

(...)

 

Papegaaientulpenbomen

Tout a une fin. Un jour, après la représentation, une énorme gerbe de tulipes était remise à i'acteur en scène: des tulipes géantes, déchiquetées, jaspes des couleurs les plus vives, jaunes et rouges, les jaunes éclaboussées de sang, les rouges tigrées d'or, des fleurs éclatantes et violentes, des tulipes dites perroquet. Le cabotin se pliait en deux, reconnaissant, et enfouissait son visage dans les fleurs. Il se redressait en poussant un cri. Du sang lui giclait près de l’oeil, tachant le velours blanc de son pourpoint; un effroi d'ailes saccageait les tulipes. Le jeune premier avait taché la gerbe. Par ordre de Sacha un perroquet avait été caché au milieu des fleurs, solidement ligoté entre les tiges furieux, l'oiseau avait cruellement mordu l'Italien à la joue.

1905

L’ecole de vieilles femmes

 

Struisvogels met papegaaienkoppen

Ferme d’autruches! Et avec sa verve coutumière, silhouettant d’un mot, d’une épithète la tête chauve, les plumes extravagantes et la demarche balacée et grotesque, en avant et croupe en l’air, des coûteux volatiles, de Bergues évoquait le troupeau des vieilles folles irréductibles dont l’abracadabrante et volontaire jeunesse prolonge ici, de février à la fin mai, un lamentable carnaval: celles qui ne peuvent plus vieillir, et, citant des noms à l’appui, de Bergues, avec l’étonnant vocabulaire dont il est familier, campait dans un extraordinaire tohubuhu d’assonances des dames en baudruche à têtes de perruches, dans des irruptions de ruches, de peluches et de fanfreluches empanachées d’aigrettes d’austruches.

Nous nous étions tordus de la boutade.

1906

Crime des riches

 

Applaus voor vals papegaaiengekwetter

Une salve d'applaudissements couvrait cette inoubliable diction. Voix d'automate et de ventriloque, c'était aussi un hiement de poulie, tant ce soprano aigu s'enrouait par moments et d'aigreurs et de trous.

Une naine à face de petite vieille, un affreux avorton aux grêles bras trop courts, aux petites mains recroquevillées comme des serres d'oiseau: quelque chose de malingre, de flétri et d'innomable évoluait sur la petite scène en somptueuse robe de bal. Plastronné de strass et plâtré de céruse, le pitoyable petit être faisait des mines, jouait de l'éventail et, le cou tendu hors des épaules pointues, faisait songer à quelque marionnette macabre, poupée à tête de tortue ou momie d'enfant affublée d'une défroque de carnaval, et l’étrange gazouillis de perruche aphone continuait: Qu'elle est belle et qu'elle a de grâce! La naine s'efforçait à la grivoiserie. Et rien n'était plus effarant dans cette face souffreteuse et friponne, que la lenteur torpide du regard terne et mort. Et matelots et alpins acclamaient cet être de cauchemar. Quelle horreur ! qu'est-ce que c'est que çà?

 

Zénobie: Flirten met een favoriete ara

Et la représentation commença: ce furent les ellipses de boules d'or et des poignards du jongleur, les contorsions brillantées de l'homme- serpent et le cake-walk des danseurs nègres; les négresses avaient quitté la place.

Debout sur les genoux du Palermitain, tel un grand perroquet familier, la princesse Zénobie, virait, voletait, ne tenait pas en place, attardant ses petites mains dans la barbe de son maître, lui chatouillant la nuque avec des rires aigus de petite fille hystérique, tandis que lui, les yeux lubrifiés de désirs, promenait lentement sa main des cheveux aux talons de la minuscule Altesse, en insistant à la taille et aux reins, comme sur le dos d'un ara préféré. O le flirt de clins d'yeux et de menus attouchements de ce vieux forban de la banque cosmopolite et de ce phénomène- réclame de cirque forain !

 

Zénobie: Gejaagd als een papegaai

Les huit soirées du chanteur Marcus à la villa des Palombes. Leur atmosphère spéciale en avait tellement impressionné le pauvre garçon qu'en en parlant il en devenait littéraire, lui Marcus. Dans l'isolement et le dépaysement de cette petite ville italienne, dont il ne parlait pas la langue, ces soirées présidées par ces deux fantoches, dans le luxe écrasant de cette villa qu'on eut dit déserte, hallucinaient Marcus comme un cauchemar. Tous les soirs, à neuf heures, il se rendait aux Palombes et retrouvait dans le grand salon incendié de lumière ses compagnons de captivité. Le grand rideau de satin cramoisi s'ouvrait comme un voile de sanctuaire et c'était, dans son immobilité d'idole, la masse effondrée du banquier de Palerme, le vieil homme aux yeux morts, adipeuxet ventru sous ses fourrures amoncelées avec, sur ses genoux, redressée et cambrée sous la caresse de sa main lente, la naine diamantée, jacassante et trépidante, la princesse Zénobie à la voix de crécelle , à la fébrile agitation de perruche. C'est son fausset rouillé qui décidait des audilions. D'un geste bref elle éliminait tel et lel artiste: les femmes étaient congédiées. Marcus avait riieur de plaire au monstrillon, il fut maintenu pendant toute sa semaine au programme. Le quatrième jour cependant il y eut conflit.

 

Zénobie: Een geniepige papegaai

Suffoquée, la princesse Zénobie avait prestement glissé le long des jambes de son flirt et, comme un gros perroquet sournois qui boude son maître, elle avait précipitamment, boitillante et courroucée, gagné la porte. Le battant en claquait violemment.

 

Zénobie: Papegaai met een boa

Empanachée d'aigrettes, écrasée sous le poids dun collier d'émeraudes, elle se cambrait dans rébouriflement d'un boa de plumes blanches et s'érupait comme une perruche, tout à l'orgueil de sa nouvelle parure. La naine était rentrée en grâce.

 

La Mortola et la fontaine de la Sirène, la Mortola et sa clairière hantée d'agaves monstrueux, énormes, hérissés et coupants, de toutes les nuances et de toutes les formes, pareils à un cénacle de gigantesques pieuvres végétales; la Mortola et ses bois de palmiers, ses champs d'iris et d'anémones où la vision s'impose d'une ronde de nymphes de Botticelli; la Mortola et sa treille en terrasse au-dessus de la mer; sa treille enguirlandée de roses et de clématites, escortée de touffes de primevères, d'héliotropes en arbres et de chimériques orchidées, jaillis comme des étoiles entre les retombées de mouvants chèvrefeuilles; la Pergola et le malaise enivrant, délicieux de son trop de calices et de son trop de parfums... Et entre toutes ces corolles, toutes ces feuilles, toutes ces branches, au tournant de tant d'escaliers et le long de tant de terrasses, le nostalgique horizon de la Méditerranée, la soie moirée de sa nappe immobile avec, au bord de la mer, les quenouilles de bronze de son interminable allée de cyprès... Cimetière d'Orient ou jardin de Gabriele d'Annunzio dans le Triomphe de la Mort.

Nous étions arrêtés auprès d'une volière et tout en suivant les mouvements d'automate d'un étrange perroquet, on eût dit, d'émail vert...

1906

Le tréteau

 

Een geslaagde karikatuur 

Et elle passait le feuillet au poète. C'était une planche en couleurs où la tragédienne, déformée dans l'exagération même de sa silhouette, était représentée tirebouchonnante dans une ligne zigzaguée à la Boldini. Le nez en bec d'oiseau, la bouche rentrée et les yeux pochés de bleu sous une tignasse de chanvre en faisaient une espèce de stryge famélique, une goule trépidante, échappée d'un sabbat de chienlit.

— C'est une indignité, c'est ignoble, balbutiait Howey, la face nerveuse et les mains, agitées.

— Mais non, c'est très drôle, et voyez l'idée spirituelle: Morfels en singe et Azuado en perroquet. En effet, la stryge de la caricature présentait l'un à l'autre, tenus très haut du bout des doigts, l'oiseau par les ailes et l'animal par la peau du cou: un ara flamboyant et un aflreux ouistiti. Elle les maintenait face à face, surexcités, mais hors d'atteinte, le perroquet des griffes du singe, le singe du bec du perroquet. Erupées et furieuses, les deux bestioles se menaçaient, cherchaient à se mordre, à s'étreindre. Dans la grimace du singe, Mario reconnaissait la face chafouine de Morfels; il ignorait l’homme dont le profil sémite surmontait le corps du perroquet.

— Mes auteurs, pouffait la tragédienne, Jeanne de Naples et Penthésilée,

Et elle se renversait en pouffant sur le divan.

— Je ne comprends pas votre joie, insistait le docteur, les mains toujours secouées par son tremblement nerveux.

— Que voulez-vous, si mes amis me voient ainsi !

— Vous n'allez plus recevoir ce Jacob après cela, je suppose.

— Que voulez-vous, c'est son droit de me dessiner telle je lui apparais. Il faut croire qu'il voit juste et que c'est nous qui avons tort, mon cher, puisque son album s'enlève. C'est le quatrantième mille en huit jours.

— Une honte! Linda haussait les épaules.

— Il faut vivre. C'est tout de même dur d'être reconnue dans ça par ses amis. Ah, notre prestige, il est frais devant les foules après une exécution pareille! Me voyez-vous avec ces yeux-là, vous, monsieur Nérac?

— Oh! Madame.

 

Apen contra papegaaien

Et l’Avignonnais se précipitait sur les mains de Linda. Elle ne lui laissait pas le temps de se pencher, elle avait elle-même élevé le poignet et, d'un joli geste, prévenu son désir, Howey revenait à la charge.

— Le singe et le perroquet, vous trouvez cela d'un ami.

— Cette sotte histoire, Jacob en a tiré un bon parti.

Et se tournant du côté de Mario:

— C'est vrai, vous ignorez, vous, vous n'êtes pas de Paris. Ah! on a colporté quelques idioties sur votre amie. Ce perroquet et ce singe, c'est toute une légende. J'ai eu, en effet, un singe et j'ai encore chez moi une volière; ne m'a-t-on pas accusée d'enfermer mon singe avec mes perroquets pour les faire se battre et se déchirer entre eux. Le singe plumait vives mes perruches et mes aras mordaient mon ouistiti. C'était un massacre. Et cela a été imprimé, il y a eu des journaux... On a écrit encore pis: j'asseyais mes singes sur la tôle rouge d'un poêle et les faisais brûler vifs. L'âme de Torquemada et la moralité de Messaline!

— Ah, Linda! faisait l'ami de la maison en essayant de fermer la bouche à la tragédienne. Mais cela, c'est la gloire, n'en parlons plus. Allons à table!

 

Koosnaampjes

Quand elles étaient là, le jeune homme, mal à l'aise, ne reconnaissait plus Linda; la physionomie si touchante de l’actrice prenait, elle aussi, quelque chose de cruel. Ces femmes ressemblaient bien plus à Myrhine que Myrhine ne ressemblait à sa sœur et, caressée, adulée par elles, la Monti finissait par ressembler à ces femmes. Elles se donnaient des noms d'oiseaux, ma colombe, ma tourterelle, ma perruche, etc., dont la familiarité déplaisait à Mario; et puis elles partaient, comme elles étaient venues, en bourrasque: elles allaient à une première, à un souper de centième ou à une répétition générale. C'étaient des amies, des actrices, comme lui avait dit Linda, mais en ce moment libres d'engagement et qui ne jouaient dans aucun théâtre. Howey détestait, lui aussi, ces femmes: Myrhine et son troupeau de damnées, ainsi dit un jour le docteur.

1906

Madame Manpalou

 

Spaanse toestanden

— Des Espagnols! Ceux-là, je vous les accorde, ricanait de Lhomers, tous princes ou prêts à le devenir, infatués de leurs titres, gorgés de noblesse, suite et cour indiquées de toutes les altesses royales plus ou moins proscrites en exil ici... Ah! que de reines Nathalie! Un milieu gourmé, astiqué, ciré et naïf, où triomphaient les grâces de Pierre Loti: perroquets du Brésil, perruches des Antilles, jolis, jacassant et insupportables oiseaux des îles dont ils ont les yeux brillants et vernis. C'est mademoiselle de Montijo qui les a amenés ici, l'ex-impératrice; ils y sont demeurés et ont fini par s'y croire chez eux: Biarritz est une plage espagnole.

1907

L'aryenne

 

De kakelende jonge nimf

Rébecca Riesmer, pour impressionner ses visiteurs avait passé à la hâte un ample et flottant peignoir en tulle de soie argenté, plissé en accordéon; de larges manches ouvertes accompagnaient ses mouvements d'un battement d'ailes, et lumineuse et brillante dans toutes ces transparences nitides, qui la vêtaient comme d'une eau, Mélisande avait l'air d'un Watts descendu de son cadre; le prince seul souffrait en lui- même du théâtral et du voulu de ce costume d'apparition.

L'académicien et la grosse Egérie continuaient de se confondre en éloges. Un flux d'épithètes inondait la jeune nymphe, un caquetage exaspéré de perruche garrulait à chacun de ses gestes. Mélisande ravie buvait, comme un philtre, les métaphores ampoulées de la grosse Muse et de son Immortel.

1906, 30 juni Jean Lorrain overlijdt
1907

Normandy, Georges

Jean Lorrain (1855-1906) son enfance, sa vie, son oeuvre (nombreux documents littéraires, graphiques et iconographiques inédits)

 

Jean Lorrain quitta Paris sous la pluie et sous les fleurs pour aller dormir son dernier sommeil sous le granit de la tombe familiale, dans le cimetière désert de sa ville natale. Tout le Paris des lettres et des arts vint le saluer. Ses obsèques à Saint- Ferdinand-des-Ternes, furent une solennité très parisienne. On n'échappe pas à la Capitale. Albert Flament (Sparklet) put écrire, malgré son émotion, ces lignes justes: « ... On songe, malgré soi, à l'article qu'il aurait écrit, à ce qu'il aurait pu trouver sur les demoiselles ayant, pour assister à l'office funèbre, des perroquets verts à leur chapeau, des voiles roses et des fleurs artificielles, et cela rend plus triste, infiniment, de voir s'en aller sous les parapluies ouverts le cortège, le corbillard et toutes ces fleurs, tant de fleurs qu'il aimait, hortensias, lis, œillets et roses dont l'odeur, par l'orage, a quelque chose de fade, de tourné, dont il aurait traduit, mieux que personne, la saveur écœurante. Ce qui manque le plus, la seule chose même qui manque à son enterrement, c'est qu'il y soit. »

D'ailleurs ces parisianismes obligatoires n'ont que l'importance qu'on leur donne. S'il est consolant de penser qu'un souvenir durable et des regrets demeurent dans l'àme de quelques-uns de ceux qui furent ses amis, de ceux qui firent

profession de l'être et de ceux, — innombrables — qu'il obligea, il demeure acquis — et cela seulement importe — que l'auteur de Aryenne a su ennoblir par la couleur et le rythme de ses phrases, les déchirements de notre chair, les douleurs des cœurs qui souffrent et les attitudes fugaces des amants, dont les bouches s'épanouissent pour le baiser où se tordent pour la mort. Voilà pour l'œuvre.

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