Parijs - 19e eeuw Alexandre Dumas fils Aventures de quatre femmes et d'un perroquet

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1846

Les Aventures de quatre femmes et d'un perroquet

De papegaai van Tristan zingt 'L'or est une chimère'

Et il [Tristan] colla son oreille à la porte de ce qui servait de chambre à coucher, et n'entendant aucun bruit, il se dirigea vers celle du carré; mais au moment où il allait l'ouvrir, il entendit son perroquet, qui lui venait de sa mère et qu'il avait toujours précieusement gardé, chanter en se réveillant: L'or est une chimère. — Chanson qu'aux jours de fortune et de bonheur Tristan lui avait apprise.

Elle n'était guère de circonstance, — aussi Tristan s'arrèta-t-il, avec un sourire amer, à la voix de la pauvre bête, et s'approchant du perchoir, il la caressa pour qu'elle se tût et ne réveillât pas Louise.

Il faut dire, à la louange de l'animal, qu'il était impossible de chanter cet air si connu avec une plus grande pureté et une plus philosophique ironie.

L'or est une chimère: aria uit de opera Robert le Diable van Giacomo Meyerbeer.

Giacomo Meyerbeer

Een papegaai die Beethoven fluit

Hebt u soms een papegaai in huis?

Ce jour, le ténor le passa tout entier ou du moins jusqu' à six heures du soir chez Léa, c'était à huit qu'il devait entrer en scène, il quitta donc sa maîtresse pour rentrer s' habiller.

Comme il revenait fort préoccupé de ses débuts et presse par l'heure, il entendit, à une fenêtre d' une des rues avoisinant cella de la chanteuse, un perroquet qui chantait: Oui, L'or est une chimère.

C'était bien la voix de son perroquet, ou, si ce n'était pas elle, il y avait une bien étrange ressemblance entre les deux animaux.

La foudre fût tombée devant notre héros, qu'il n'eût pas été plus étonné.

Il regarda l'heure, il calcula qu'il pouvait voler cinq minutes encore, il entra dans la maison; une domestique était sur le seuil.

Madame, lui dit-il, vous avez un perroquet dans la maison?

— Oui, monsieur. — A qui appartient-il? — A un étranger. — Qui se nomme? — Je l'ignore. Il est arrivé depuis deux jours avec sa femme, et je ne le connais que parce qu'il est le voisin de ma maîtresse. — Louise aura vendu le pauvre Jacquot, pensa Tristan. Pauvre Louise! Et il chante toujours: L'or est une chimère, ce perroquet? reprit Tristan tout haut en s'adressant à la domestique, qui s'étonnait fort de toutes ces questions sur un animal. — Oui, monsieur, c'est même assez désagréable. — Son maître est sorti? — Oui, monsieur. — Merci, madame, je reviendrai demain. — C'est étrange, pensait notre ténor, retrouver ce perroquet ici. Il n'y a que lui qui chante ce vers de M. Scribe avec cette netteté, et la musique de Meyerbeer avec cette grâce. Ce monsieur consentira sans doute à me le vendre, et en apprenant où et comment il l'a acheté, j'apprendrai peut-être où est ma femme.

 

Waar is de papegaai?

Vous vous êtes trompé, reprit-il. — Non, le perroquet que j”ai entendu… — Quel perroquet? — Le sien. — Où? — Dans la deuxième rue à la gauche. — Vous perdez votre avenir. — Qu’est-ce que cela me fait? — Vous me ruinez.

Et Tristan s’avança pour conquérir la porte .

 

Wachten op de papegaai

— Ainsi, se disait Tristan, ma femme est ici; mais quel est ce vieux monsieur?

Et tout en répétant éternellement cette phrase, il courait du côté de la maison de Léa.

Vous croyez peut-être qu'il allait chez sa maîtresse pour la voir? Du tout, il se rendait chez Léa parce qu'il ne savait où aller et qu'il fallait qu'il attendit le lendemain quelque part.

En effet, le lendemain, c'était le mot de l'énigme: c'était la vérité, c'était le perroquet.

Il arriva chez Léa, tout en regardant s'il n'était as suivi.

Là chanteuse l'attendait.

 

Waar de papegaai is, is de tenor

L'imprésario revint sur ses pas.

— Vous m'affirmez qu'il n'est pas ici, ma petite Léa? — Je vous l'affirme. — Vraiment? — Vraiment. — Eh bien! savez-vous ce que je ferai? — Dites. — Il m'a dit qu'il avait entendu chanter un perroquet dans la deuxième rue à gauche du théâtre.

— Eh bien? — Ce perroquet, c'est à sa femme. — Eh bien? —  Eh bien, demain j'irai dans la deuxième rue à gauche, et j'entrerai dans la maison où il y aura un perroquet. — Après? —  Après, je demanderai à parler a la maîtresse du perroquet, et je retrouverai mon ténor. — Comment? — Du moment où il n'est pas ici, il ne peut être que chez- sa femme. —  Cest juste. Je suis flattée que vous soyez venu chez moi avant d'aller chez elle.

 

De zingende papegaai

— Parlez, madame. — Je suis la sœur de la femme de Tristan. — Vous, madame? — Oui, monsieur. — Et votre sœur n'a pas vu son mari, hier, chez elle? — Non. — Ni ce matin? — Non plus. Savait-il donc sa demeure? — Oui. — Et comment l'avait-il apprise? —  Par un perroquet qu'elle a à sa fenêtre et qui a chanté au moment où il passait devant cette fenêtre. — Je devine; mais non- seulement ma sœur n'a pas vu son mari, mais elle ne veut même pas le voir.

 

De papegaai verdwijnt

Il courut, au risque d'être reconnu, à la maison du perroquet; mais on lui répondit que depuis une heure ceux à qui il appartenait étaient partis en poste sur la route de Sesto-Calendo.

 

Jacquot

  Tout le monde va bien? — Tout le monde. — Même Jacquot?    Même Jacquot, qui a très-bien supporté les fatigues de la route, comme un beau perroquet qu'il est. — Ainsi, dit madame Van-Dyck après avoir été son châle et son chapeau et avoir pris place à table entre le docteur et Louise, ainsi Jacquot voyage toujours avec vous? — Toujours. — Mais ce doit être bien incommode? — Non; nous voyageons en poste, et j'aimerais mieux ne pas voyager que de m'en séparer. —  C'est donc un souvenir? — Oui, un souvenir dont mon mari veut bien ne pas être jaloux, fit Louise en souriant et en tendant la main au vieillard, qui la lui serra en jetant sur elle un regard de paternelle affection.

 

De papegaai hervonden

Tristan prit la plume, et commença la première ligne.

Il n'avait pas écrit quatre mots, qu'il entendit un perroquet chanter:

  Oui, l'or est une chimère.

Il tressaillit et devint tout pâle.

Il n'y avait pas à s'y tromper, c'était bien la voix de son perroquet.

Tristan se retourna, tremblant d'avoir rêvé, et cherchant l'animal connu.

Il n'était pas dans la salle à manger.

Mais Tristan entendit une seconde fois le perroquet, qui reprit avec un fausset des plus pretentieux:

  Oui, oui, oui, l'or est une chimère.

Tristan suivit la direction de la voix, et arriva dans le jardin, où il vit, sur un superbe perchoir, le perroquet quil tenait de sa mère, qu'il avait laissé à Louise, et qu'il avait retrouvé à Milan.

 

Een mooi beestje, nietwaar..?

Le pauvre garçon était tout tremblant; il était bien sûr de reconnaîtie l'animal; mais quoique cette supposition lui fût naturellement venue tout de suite à l'esprit, rien ne prouvait qu'il fût chez sa femme, et il y avait même bien des chances pour qu'il n'y fût pas.

En effet, comment ce perroquet, qui était évidemment avec Louise à Milan, se trouvait-il à Amsterdam, justement dans la ville où il était, sans que, depuis le temps qu'il habitait cette ville, il eût rencontré sa femme? Ce perroquet avait peut-être été vendu, donné, volé! Toutes ces suppositions traversèrent brusquement l'esprit de Tristan.

Pendant ce temps, le domestique, qui avait vu ce monsieur, qu'il ne connaissait pas, se lever tout à coup, courir au jardin, interroger le perroquet, avait craint d'avoir affaire à un voleur ou tout au moins à un fou; il avait donc suivi Tristan, et derrière lui attendait la suite de cette aventure.

Tristan le vit, et le regarda, ne sachant s'il devait l'interroger.

— Belle bête, dit le domestique en montrant le perroquet, n'est-ce pas, monsieur?... — Oui. A qui est ce perroquet? — A monsieur et à madame. — Y a-t-il longtemps que vous êtes ici?

—Non, monsieur. — Quand vous êtes entré dans la maison, ce perroquet y était déjà? — Oui, monsieur. — Madame Mametin est vieille?

 

Wie is de eigenaresse van de papegaai?

D'abord, dans le premier cas, je puis me tromper; madame Mametin peut s'appeler Louise, avoir mon perroquet, et n'être pas ma femme. Alors, M. Mametin fait venir son jardinier, son portier, tous ses domestiques, et l'on me met à la porte galamment pour le bruit que je viens faire dans une maison tranquille et pour la façon dont je reconnais l'hospitalité qu'elle m'offre. Il est vrai qu'il n'y a qu'une chance sur cent pour que madame Mametin ne soit pas ma femme, d'autant plus que maintenant je me rappelle fort bien que M. van Dyck m'a dit avoir vu M. Mametin à Milan. C'est à Milan que j'ai entendu mon perroquet; Louise était évidemment à Milan.

 

De papegaai krijgt water

Louise descendit, et au moment où elle traversait la salle à manger, elle entendit le perroquet qui criait.

Elle alla au perchoir afin de voir s'il lui manquait quelque chose.

— Mon pauvre Jacquot, lui dit-elle, tu as soif; et elle emplit le verre de l'animaL avec une partie de l'eau qu'elle allait jeter et jeta en effet le reste.

Is Jacquot vergiftigd?

Et Louise, prenant la main de Tristan, l'emmena dans le jardin et lui montra le perroquet mort, et dont on avait posé le corps sur un banc.

— Pauvre bête, fit Tristan, et deux larmes lui vinrent aux yeux.

Puis il s'approcha de l'animal, le prit, et, avec un attendrissement que l'on comprendra, il embrassa ce cadavre encore chaud.

— De quoi est-il mort? dit Tristan en regardant Louise. —Je l'ignore, je l'ai trouvé ce matin étendu sur le plateau de son perchoir. — C'est étrange, il n'était pas malade hier.

Et Tristan rouvrit l'œil fermé de l'animal.

L'œil est vitreux, dit-il, on croirait que ce perroquet a été empoisonné. — Empoisonné, fit Louise, et par qui? — C'est ce que je me demande; où est son perchoir? — Dans la salle à manger.

Tristan se rendit au lieu que venait d'indiquer Louise, et regarda dans les bassins où se trouvaient la graine et l'eau. Il trempa son doigt dans l'eau et le porta à ses lèvres.

— Cette eau est empoisonnée! dit-il. — Cette eau! fit Louisa en pâlissant. — Oui, cette eau. — Vous en êtes sûr?

Tristan renouvela l'épreuve.

— Sûr, reprit-il. — C'est impossible! s'écria Louise en tembant à genoux. — Et pourquoi? — C'est moi qui ai versé cette eau dans ce bassin. — Et où l'avez-vous prise? — C'est monsieur Mametin qui me l'a donnée pour la jeter, disant qu'il la trouvait amère.

Tristan pâlit.

—Avez-vous vu monsieur Mametin ce matin? dit-il à Louise.

— Non. — Il n'a pas appelé encore? — Non. — Ni cette nuit? — Non. — Il a bu de cette eau? — Un grand verre. — Montez dans sa chambre, dit Tristan. — Avec vous. — Non, seule...

Vergiftigde papegaai - zie ook:

Loulou van Gustave Flaubert 

Coco van Henri Murger

Heinrich Heine en Cocotte