Ill. G. Vuillier

Parijs - 19e eeuw Charles Monselet (1825-1888) Monselet & Gresset

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1825, 30 april Charles Monselet geboren in Nantes
1858, 25 februari Charles Monselet - bijgenaamd 'Le roi des gastronomes' - organiseert een feestdiner ter gelegenheid van de oprichting van het tijdschrift Le Gourmet, waarvan hij hoofdredacteur is. In het Grand Hôtel du Louvre zitten ongeveer tweehonderd gasten aan, onder wie Théophile Gautier, Alexandre Dumas père, Dumas fils, Théodore de Banville, Nadar, Henry Murger.

Ill.: André Gill

1866

Le Double Almanach Gourmand

Vert-Vert slachtoffer van zoetigheid

Les bonbons ont eu leurs victimes. Une des plus fameuses est cet aimable perroquet de Nevers dont Gresset a raconté la pieuse éducation chez les Visitandines. Ce Vert-Vert qui, repentant et rentré en grâce, mourut d'une indigestion exquise.

 

Rien n'annonçait de prochaines douleurs ;

Mais de nos soeurs ô largesse indiscrète!

Du sein des maux d'une longue diète

Passant trop tôt dans des flots de douceurs,

Bourré de sucre et brûlé de liqueurs,

Vert-Vert, tombant sur un tas de dragées,

En noirs cyprès vit ses roses changées.

Puisque la nature a assigné un terme à notre existence, pourquoi ne souhaiterais-je pas un trépas semblable à mes lecteurs et a mes lectrices?

 

Vert-Vert van Gresset
1866

Portraits après décès - Gérard de Nerval

Gérard de Nerval en de kaketoe die van kersen hield

Gérard de Nerval demeurait au coin de la rue Saint-Thomas-du-Louvre, dans une maison habitée par les demoiselles Brohan. Il avait le spectacle de la place du Musée, occupée, comme on se le rappelle, par des brocanteurs et des marchands d'oiseaux. Combien Gérard devait se plaire dans un pareil lieu! Tous les matins il descendait sur la place et y passait des heures entières ; il s’était pris surtout d'un véritable attachement pour un remarquable, kakatoès, plein de grandesse et d'éclat, attaché par une chaîne de cuivre à son juchoir. Au milieu du groupe de militaires et d'enfants qui ne cessaient de l'environner, ce kakatoès gardait la gravité d'un magiftrat irréprochable; mais faisait-on mine de l'agacer, il se hérissait, poussait un cri aigre, battait des ailes, et roulait sa langue épaisse dans son bec entr'ouvert. Il n'était accessible que pour Gérard de Nerval qui, rempli de façons aimables et d'attentions délicates, ne manquait jamais de venir chaque matin partager avec lui une demi-livre de cerises qu'il apportait dans son mouchoir. Quand les cerises étaient mangées, le kakatoès, pour manifester sa reconnaissance, se suspendait par le bec à l'un des bâtons & se balançait longtemps dans cette posture acrobatique, ou bien il mordillait le doigt de Gérard, ou il posait la patte sur son collet d'habit. Heureux kakatoès ! heureux Gérard !

Cette félicité innocente eut cependant une fin, comme toutes les félicités. Un matin, Gérard de Nerval, arrivant avec ses cerises, ne trouva plus le kakatoès; il apprit qu'un étranger l’avait acheté très-cher. Cette nouvelle le pétrifia : il s'était habitué à considérer l'oiseau comme son bien, comme sa propriété; il ne pouvait concevoir qu'on l'en eût séparé.

— Que ne l'achetiez-vous ? lui dit le marchand.

— Ah! répondit Gérard, cela n'aurait plus été la même chose !

Foto: Eugène carjat; bron: Joconde

Gérard de Nerval

1874

Gastronomie

 

L'art d'étouffer des perroquets

J'avais perdu un pari contre le capitaine Monistrol; le jour était venu de m'exécuter. Il s'agissait d'un déjeuner de neuf couverts, — le nombre des Muses. Mais ici les Muses devaient être représentées par des avocats, des étudiants, des gens du monde, nos amis communs, qui avaient été les témoins de la gageure.

A l'heure convenue, je me rendis chez Edouard, un de mes convives, qui demeurait dans la même maison et sur le même palier que le capitaine Monistrol. Le capitaine Monistrol — je ne crois pas encore l'avoir dit — était un homme déjà mûr, retraité et célibataire enragé. Il avait fait avec éclat les dernières campagnes d'Afrique. J'ajouterai que, sous des apparences moroses, il cachait ou montrait, selon les gens et les circonstances, des qualités de finesse qu'il avait dû exercer parmi les Arabes.

— Es-tu prêt? dis-je à Edouard, en entrant.

— Laisse-moi achever mon cigare, et je suis à toi, me répondit-il.

— Songe que notre rendez-vous au café du Helder est pour midi, et qu'il est onze heures trois quarts.

— Onze heures et demie, rétablissons le texte, fit- il en levant les yeux sur la pendule.

— Voyons, mets ton chapeau, et passons chez le capitaine Monistrol, pour le prendre. Edouard ne bougea pas.

— Oh! murmura-t-il, le capitaine Monistrol en a bien pour vingt minutes; il se prépare.

— Qu'est-ce que tu veux dire?

— Je veux dire qu'il est en train d'étouffer des perroquets.

Je regardai Edouard avec une telle nuance d'inquiétude, qu'il ne put s'empêcher de rire.

— C'est juste, reprit-il, tu ne possèdes pas à fond comme moi ton capitaine Monistrol; je vais t'en inculquer les premières notions. — Le capitaine Monistrol, qui est, comme tu n'en ignores, le meilleur homme de la terre, a contracté en Afrique une habitude, celle de l'absinthe. Il en rougit, et il se cache honnêtement pour absorber, tous les matins, cinq ou six verres de cette liqueur verte.

— Cinq ou six verres!

— Quand ce n'est pas davantage. Il appelle cela, dans son pittoresque langage des camps: étouffer des perroquets. Aujourd'hui qu'il est de revue, c'est- à-dire de déjeuner, je ne répondrais pas qu'il n'en étouffât quelques-uns de plus. Du reste, nous pouvons nous en assurer.

— Comment cela? demandai-je.

— Suis-moi et fais doucement.

Il se leva et s'engagea dans un corridor circulaire aboutissant à une porte vitrée. Je le suivais en silence. Là, par le coin d'un rideau écarté, il me fît apercevoir le capitaine Monistrol, assis à une table, devant une grosse bouteille et un grand verre. Pour la première fois, je remarquai le feu de ses pommettes, contrastant avec le ton blafard du reste du visage. Il parlait haut, et ses paroles m'arrivaient distinctement.

— Si tu veux assister à une comédie sur laquelle je suis blasé, reste ici, me dit Edouard à l'oreille; je vais m'habiller et je te rejoins dans un moment. Me voilà donc seul à examiner clandestinement le capitaine Monistrol, qui battait son absinthe à légers coups d'eau, ainsi que le recommandent les maîtres, et qui apportait à cette opération une expression de profond contentement. Il laissa ensuite reposer son verre pendant quelques minutes, toujours selon les grands préceptes; après quoi, il le porta à ses lèvres et but savamment, en prenant des temps comme les acteurs. Cet acte accompli, le capitaine Monistrol se frotta les mains, fit plusieurs « Hum ! hum ! » de satisfaction, et entama le monologue suivant :

— « Tout va bien... deux verres, c'est raisonnable... à cause de ce déjeuner qui sera sans doute important... c'est même une précaution hygiénique... très hygiénique... deux verres, c'est assez... plus, ce serait l'abus... bornons-nous là; oui, bornons-nous là... il n'y a aucune raison pour récidiver... aucune... aucune...»

Disant cela, le capitaine Monistrol regardait autour de lui; il paraissait embarrassé; il fixait la bouteille d'absinthe, en répétant machinalement:

« Aucune... aucune... » Il poussait des soupirs, il réfléchissait. Je n'y comprenais rien. Tout à coup, et comme s'il ne pouvait y tenir plus longtemps, je le vois se diriger sournoisement vers la porte et y frapper deux coups avec son doigt. — « Entrez! — « Monsieur le capitaine Monistrol, s'il vous plaît? « dit-il, en contrefaisant sa voix. — C'est moi, réplique-t-il de son ton naturel et en feignant d'introduire une personne; qu'est-ce qu'il y a pour votre service? — Monsieur, je n'ai pas l'avantage d'être connu de vous, mais j'arrive de votre pays et je suis chargé de tous les compliments de votre famille. — De ma famille? Ah! monsieur, donnez- vous donc la peine de vous asseoir, je vous en prie. » Le capitaine Monistrol exécute consciencieusement la mise en scène de cet entretien fictif; il approche des sièges, il s'empresse. — « J'espère, reprend-il en s'adressant à son invisible interlocuteur, que vous voudrez bien me faire le plaisir d'accepter quelque chose. — Excusez-moi, monsieur, j'ai l'habitude de ne jamais rien prendre entre mes repas. — Entre les repas, je conçois cela, mais avant... un verre d'absinthe, par exemple, monsieur... j'en ai justement là d’excellente. — Alors, c'est pour ne pas vous refuser.»

Le capitaine Monistrol triomphe; il bat deux autres verres d'absinthe, il est content, il est expansif. — « Vous dites donc que ma famille se porte bien? » se demande-t-il. — « A merveille! » se répond-il. — « Et ma tante d'Hazebrouck? — Elle ne parle que de vous. — A votre santé! — A la vôtre, capitaine!» — Il va sans dire que le capitaine étouffe les deux perroquets. — « Si nous recommencions? » dit-il à son hôte imaginaire.

— Oh ! pour cette fois, capitaine, je n'en ferai rien. — Allons donc! — Non, capitaine, je vous jure; j’ai plusieurs visites à rendre ce matin, et je vous demande la permission de prendre congé de vous. — Vraiment, ne peut-on remettre ces visites? — Impossible. — C'est désolant. — Désolant pour moi, capitaine. — Au moins, permet-moi de vous reconduire. — Je ne le souffrirai pas, capitaine. — Cela sera pourtant, monsieur, car je suis sur mon terrain. — Adieu donc, capitaine. — Adieu, monsieur. Enchanté d'avoir fait votre connaissance. »

Sur ces mots, le capitaine Monistrol simule un bruit de pas et incline son corps à plusieurs reprises. Puis il revient vers la table, en murmurant: — « Charmant, ce monsieur! Très-bien, ce monsieur! »

J'avoue que ma curiosité était vivement excitée par cette comédie, comme l'avait justement appelée Edouard. Je m'intéressais au capitaine Monistrol; je le trouvais touchant dans sa lutte contre sa passion; j'admirais sa puissance d'imagination, l’ingéniosité de son subterfuge. Cet homme avait le génie de son vice.

Quoique persuadé que cette scène était terminée, je restais cependant à mon poste. Le capitaine Monistrol avait rebouché soigneusement la bouteille d'absinthe; il rassemblait les verres sur le plateau, comme pour serrer le tout. C'était bien fini, et j'allais me retirer, lorsque soudain il s'interrompt. Il abandonne le plateau; son air devient indécis et songeur; il fait cinq ou six tours dans la chambre, en essayant de fredonner. Je devine qu'un combat se livre dans son esprit, car je l'entends prononcer à demi- voix : — « Non! non! c'est assez! » Il semble s'armer d'héroïsme; il ressaisit le plateau et prend le chemin de l’armoire; mais là, sa résolution faiblit; il s'immobilise, il tend l'oreille, il a cru entendre frapper derechef; il se prête à cette nouvelle illusion, et le voilà qui recommence son dialogue; — « Capitaine, c'est encore moi. — Encore est un mot de trop, monsieur; je suis charmé de vous revoir. — Capitaine, j'ai oublié ma canne. — En vérité, monsieur? Eh bien, nous allons la chercher ensemble. — Je crois l'avoir laissée près de la cheminée. — Près de la cheminée? Voyons. » Et le capitaine Monistrol de fureter dans la chambre, jusqu'à ce qu'il ait découvert sa propre canne. — « Ah! s'écrie-t-il, je parie que j'ai la main dessus. — En effet, capitaine, et iln e me reste plus qu'à vous remercier. — Un instant! puisque nous avons retrouvé votre canne, il faut prendre un dernier verre d'absinthe. — Vous êtes bien bon, capitaine, mais je suis attendu, et... — On ne peut pas s'en aller sur une seule jambe, que diable! — C'est que, voyez-vous, capitaine, l'absinthe me trouble un peu. — Bah! bah! un grand garçon comme vous! vous voulez rire; d'abord je ne lâche pas la canne. — Puisque vous l'exigez... — Certainement, je l'exige. »

Et deux nouveaux verres d'absinthe sont confectionnés, battus, engloutis. Mais, cette fois, les adieux ne se prolongent pas. Le capitaine Monistrol a des remords; il pousse vers la porte son visiteur; il le salue à peine; je l'entends qui murmure: « — Importun! intrigant! D'où sort ce quidam-là? » Le capitaine Monistrol a hâte de passer l'éponge sur cette espièglerie; il serre pour tout de bon la bouteille accusatrice au fond du placard; il fait disparaître les verres, comme s'ils lui brûlaient les doigts. Tout est réparé. La capitaine Monistrol respire; il s'examine dans une glace; il donne un coup d'œil à sa cravate, un coup de brosse à sa redingote; il sort.

Edouard et moi, nous le rejoignîmes sur le palier.

— Ah! ah! s'écria-t-il en nous tendant la main! fidèles au poste! Bravo! J'ai un appétit d'enfer!

Au café du Helder, nous trouvâmes nos six partenaires. L'un d'eux, s'adressant directement au capitaine Monistrol:

— Capitaine, un verre d'absinthe! lui dit-il.

— Merci; j'y ai décidément renoncé, répondit le Monistrol.

— Avant déjeuner, cela ne peut pas vous faire de mal.

— Eh bien, dit le capitaine Monistrol, un verre d’absinthe, soit... mais avec de l'anisette... beaucoup d’anisette.

Perroquet à la carte

Charles Monselet door Charles Monselet

Frontispiece door Braquemond van Monselets Les Treteaux de Charles Monselet, ofwel: Charles Monselet als kwakzalver.

Monselet was een pleitbezorger voor alles wat eetbaar was. Bijvoorbeeld de Chinese keuken en met name de zogenaamde zwaluwnestjes

In een van de eerste afleveringen van zijn tijdschrift Le Gourmet besprak hij uitdagend de culinaire bereiding en verorbering van vreemde vleessoorten, waaronder de papegaai. Zie hieronder voor de facsimile weergave (Bron: Gallica)

 

Ceux qui ont bien vécu

Louis XIV

— Il m'est souvent arrivé de manger cinq assiettées de soupe, un ragoût de bœuf aux concombres, plusieurs cuisses de canard, quelques tranches de veau, cinq ou six artichauts, du lard, du boudin, avec un grand saladier de pruneaux.

Vitellius

— Des langues de rossignols, des cervelles de grives, des ouïes de truite, des foies de perroquet farcis de fraises du mont Ida, voilà mon ordinaire! Au dessert je faisais égorger quelques esclaves pour me récréer la vue.

Le compte de Sorge

— Mon fils n'était qu'un glouton, je le déshéritai; ma cuisinière était un cordon bleu, je l’épousai.

Le prête de Brillat-Savarin

— C’était un soir de Noël; je mangeai une oie, trois pintades, six pigeons ramiers, et je dis mes grâces.

Cléopatre

— D'un seul trait, je bus une perle de trois millions.

Perroquet à la carte
1885

Encore un!

Lastig kind

On m'a montré une fenêtre où pendant plusieurs années un perroquet articulait ces paroles bizarres, étonnement du passant : Périclès tu m'embêtes!

Ce perroquet classique ne faisait que répéter l'apostrophe continuelle d'une femme du peuple à son petit garçon nommé Périclès.

 

1888, 18 maart Charles Monselet overlijdt in Parijs

1858, 18 april

Uit: Le Gourmet

Perroquet à la carte